Luc Besson s’attaque à Valérian, la mythique bédé de science-fiction
Star Wars, Blade Runner, Total Recall, Le cinquième élément, Avatar : ce ne sont pas les références qui manquent dans Valérian et la cité des mille planètes. Non pas que Luc Besson ait manqué d’imagination en signant cet ambitieux et opulent space opera adapté de la série de bédés de Christin et Mézières, Valérian, agent spatiotemporel, plus particulièrement du sixième tome, à saveur écologique, L’ambassadeur des ombres (Dargaud, 1975).
En fait, c’est la preuve que cette bédé de gauche féministe, lancée dans Pilote en 1967, a grandement influencé la bédé, la littérature et le cinéma de science-fiction. «On dirait Valérian », aurait lancé le dessinateur Jean-Claude Mézières en découvrant le premier volet de la saga de George Lucas. Au fait, Luc Besson n’aurait-il pas rêvé de signer l’un des volets de cette célébrissime saga? «Évidemment, ça m’aurait fait plaisir à l’époque de réaliser un épisode de Star Wars, mais ayant tourné Valérian, je n’en ressens plus l’envie », confiait-il lors d’une brève visite à Montréal en juin — peu avant qu’on annonce que Ron Howard reprennait les rênes des aventures du jeune Han Solo.
Grand lecteur de la série dans les années 1970, Luc Besson rêvait plutôt, depuis plus de vingt ans, de porter au grand écran les aventures de Valérian (Dane DeHaan, vu dans Kill Your Darlings et Un ours et deux amants) et de sa fidèle partenaire Laureline (Cara Delevingne, vue dans La face cachée de Margo et Suicide Squad). Faute d’avoir pu le faire, il avait fait appel à Mézières pour signer l’univers visuel du Cinquième élément.
«Je n’aurais jamais pu tourner Valérian si je n’avais pas réalisé Le cinquième élément il y a vingt ans. Je dirais même que ç’aurait été impossible si je n’avais pas tourné Le grand bleu il y a près de trente ans. Si je compare ces deux tournages, les cent jours de tournage de Valérian ont été faciles! On a même terminé avec quelques jours d’avance.»
Tournage épique
Certes, le réalisateur de Nikita a pris du galon en trente ans, et la technologie a considérablement évolué depuis la sortie du Cinquième élément où Lilou (Milla Jovovich) atterrissait dans le taxi volant de Korben Dallas (Bruce Willis) — une idée inspirée du quinzième album de la série Valérian, Les cercles du pouvoir (Dargaud, 1994). Si le tournage de Valérian s’est bien déroulé, celui-ci était bien particulier puisque l’on montait les scènes dès qu’elles étaient tournées.
«Nous tournions dans le sens des effets spéciaux; je n’avais encore jamais fait ça. Il y avait deux studios de montage, dont un sur le plateau. Certains effets spéciaux prennent presque deux ans, alors c’était une façon de ne pas trop faire attendre les boîtes d’effets spéciaux», explique le cinéaste, qui a dû gérer 7 plateaux, 24 décors et plus de 1000 artisans dans la Cité du cinéma Saint-Denis en 2016.
Exigeant envers lui-même, Besson aime s’entourer de la crème des artisans. Pour signer les quelque 2730 effets spéciaux de ces 137 minutes de péripéties dans l’espace campées au XXVIIIe siècle, il a fait appel à Weta Digital, studio de postproduction créé par Peter Jackson, à Industrial Light & Magic, société d’effets spéciaux fondée par George Lucas, et la compagnie québécoise d’effets visuels numériques Rodeo FX, lauréate de trois prix Emmy pour ses effets spéciaux pour Game of Thrones.
Pour Besson, il allait de soi que les artisans de Rodeo FX se retrouvent au générique de ce film au budget évalué à 297 millions d’euros (faisant de celui-ci le film le plus cher de l’histoire du cinéma européen), puisqu’il avait été plus que satisfait de leurs effets spéciaux pour Lucy en 2014. Cette fois-ci, la boîte québécoise a eu pour mission de donner vie à la colossale station spatiale Alpha, où vivent des milliers de peuples, parmi lesquels neuf millions d’êtres humains.
Apparitions surprises
Au cours du tournage, Christin et Mézières se sont pointés à quelques reprises sur le plateau afin d’apporter leur soutien à Luc Besson: « J’ai vécu ce film à travers les yeux de Mézières et Christin, qui m’aiment encore; c’est bon signe.»
Autre signe de satisfaction, Besson ne cache pas qu’un deuxième volet pourrait voir le jour : «Le deuxième Valérian est déjà écrit! Si le premier a du succès, je suis donc prêt à en tourner la suite. En plus, je retravaillerais n’importe quand avec Dane et Cara.»
Enfin, pour ceux qui ne sauraient les reconnaître, sachez que l’on retrouve au générique de Valérian et la cité des mille planètes plusieurs cinéastes français, dont Xavier Giannoli (Quand j’étais chanteur, Marguerite), Gérard Krawczyk (L’été en pente douce, Fanfan La Tulipe) et Benoît Jacquot (Villa Amalia, Les adieux à la reine).
« Ce sont des potes et je me disais que ce serait bien qu’ils viennent incarner chacun un capitaine accueillant les différents représentants des peuples de l’espace dans la scène d’ouverture où l’on raconte la conquête de l’espace. Ce n’est qu’une courte apparition où ils n’avaient qu’à serrer la main des visiteurs, sans dire un mot, mais l’idée d’imaginer la tête des journalistes intellectuels qui n’aiment pas mon cinéma en voyant Benoît Jacquot m’amusait beaucoup. »
VALÉRIAN ET LA CITÉ DES MILLE PLANÈTES En salles le 21 juillet, en avantpremière le 19 juillet à l’Auditorium des diplômés de la SGWU (théâtre Hall) à l’Université Concordia, dans le cadre de Fantasia