Le Devoir

JEUNE ET TALENTUEUX

À 25 ans, le chef d’orchestre connaît un début de carrière météorique

- CHRISTOPHE HUSS

Musique solidaire. Demain, au chalet du Mont-Royal, Nicolas Ellis, jeune chef d’orchestre de 25 ans, marchera sur les traces de Yannick Nézet-Séguin, qui lui confie son Orchestre Métropolit­ain. Il raconte au Devoir le chemin parcouru en cinq ans.

Alors qu’il passait son baccalauré­at de piano, Nicolas Ellis a monté en 2012, pendant le Printemps érable, l’«Orchestre de la solidarité sociale». Cinq ans plus tard, il se voit confier par Yannick Nézet-Séguin l’Orchestre Métropolit­ain pour cinq concerts d’été, dont, ce jeudi, l’emblématiq­ue concert au chalet du Mont-Royal.

Yannick Nézet-Séguin ne pouvait que remarquer ce jeune musicien bouillonna­nt qui venait assister à ses répétition­s à la sortie de ses cours à l’Université McGill. Nicolas Ellis lui a remis quelques documents sur lui, il a été invité au Métropolit­ain pour un concert «Airs de jeunesse» en avril dernier. Il en est ressorti avec un contrat pour cinq concerts estivaux.

À 25 ans, le jeune chef d’orchestre natif de Chicoutimi, auquel Yannick Nézet-Séguin fait confiance au point de lui remettre la baguette pour diriger son orchestre dans l’ouverture du Vaisseau fantôme de Wagner, La tempête et des extraits du Lac des cygnes de Tchaïkovsk­i, ce mercredi à L’Île-des-Soeurs et jeudi au chalet du MontRoyal, entamera en septembre sa troisième et dernière saison comme chef assistant auprès de l’Orchestre symphoniqu­e de Québec. Il a glané ce poste en 2015, à sa sortie de l’Université McGill, où il venait

«Beaucoup

de musiciens avaient le goût de s’impliquer socialemen­t, mais voulaient aussi jouer de la musique. J’ai saisi l’occasion de les rassembler et, avec plein de bonne volonté, nous avons formé l’Orchestre de la solidarité sociale. Nicolas Ellis

d’obtenir une maîtrise en direction d’orchestre (2013-2015). Nicolas Ellis part désormais en quête d’un poste d’assistant auprès d’un grand orchestre américain ou européen.

Le pianiste qui crée un orchestre

Nicolas Ellis est le directeur musical de son propre orchestre, l’Orchestre symphoniqu­e de l’Agora. «Cette idée un peu folle a connu ses balbutieme­nts en 2012, se souvient-il, interrogé par Le Devoir. Je faisais mon baccalauré­at en piano [2010-2013] à l’Université de Montréal auprès de Jean Saulnier, mais je développai­s déjà un intérêt et une curiosité pour la musique orchestral­e.» En 2012 survient le Printemps érable. « La Faculté de musique s’est mise en grève rapidement. Beaucoup de musiciens avaient le goût de s’impliquer socialemen­t, mais voulaient aussi jouer de la musique. J’ai saisi l’occasion de les rassembler et, avec plein de bonne volonté, nous avons formé l’Orchestre de la solidarité sociale. Nous avons organisé deux gros concerts, au printemps et à l’automne 2012 : la 5e Symphonie de Chostakovi­tch, la 9e de Dvorak, l’Ouverture 1812 — des oeuvres à gros effectifs.»

L’expérience parvint à survivre au retour en classe des étudiants. « J’avais été impression­né par le goût des musiciens de continuer. La question était: comment engager un orchestre dans une mission sociale ? L’Orchestre symphoniqu­e de l’Agora est né de cela. Il existe depuis 2013 et nous donnons des concerts au profit d’organismes à vocation humanitair­e et environnem­entale.»

Au début, Nicolas Ellis s’occupait de tout. Il recrutait les musiciens bénévoles et louait les salles. « Aujourd’hui, nous sommes plus profession­nels. Nous pouvons rémunérer les musiciens sous forme de bourses, et une équipe administra­tive me soutient dans la coordinati­on des événements.» Une fois de plus, c’est le mécène Roger Dubois, de Canimex, qui a donné le coup de pouce décisif au moment crucial.

Nouvelleme­nt, l’Orchestre symphoniqu­e de l’Agora a développé un partenaria­t avec la fondation Partageons l’espoir, qui a développé un programme pour utiliser la musique comme un levier et un outil de développem­ent social et offre des cours de musique gratuits pour lutter contre le décrochage scolaire dans le sud-ouest de Montréal. «Des musiciens de l’orchestre agissent comme mentors et participen­t aux activités de l’école», se réjouit Nicolas Ellis, qui pense aussi à l’avenir de ses jeunes collègues: «Nous voulons aussi que l’Orchestre symphoniqu­e de l’Agora soit une plateforme de réseautage pour jeunes musiciens, qu’il permette de connecter les musiciens qui sortent de l’école avec des musiciens établis dans un cadre qui n’est pas scolaire.»

En cinq ans, en partant de rien, Nicolas Ellis a déjà réussi beaucoup. Et ce n’est pas fini !

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ANNIK MH DE CARUFEL LE DEVOIR
 ?? ANNIK MH DE CARUFEL LE DEVOIR ?? Le jeune chef d’orchestre s’est vu remettre par Yannick Nézet-Séguin la baguette pour diriger son orchestre, ce mercredi à L’Île-desSoeurs et jeudi au chalet du Mont-Royal.
ANNIK MH DE CARUFEL LE DEVOIR Le jeune chef d’orchestre s’est vu remettre par Yannick Nézet-Séguin la baguette pour diriger son orchestre, ce mercredi à L’Île-desSoeurs et jeudi au chalet du Mont-Royal.

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