Le Devoir

Bisbille autour d’un sens unique

- JEANNE CORRIVEAU

Àtrois mois et demi des élections municipale­s, les hostilités ont bel et bien commencé à Montréal. La transforma­tion d’une rue en sens unique dans l’arrondisse­ment du Sud-Ouest a été au coeur d’un affronteme­nt sur Twitter entre le maire de Montréal, Denis Coderre, et le maire de l’arrondisse­ment, Benoit Dorais, membre de Projet Montréal depuis mai dernier.

En après-midi, le maire Coderre a ouvert le bal en faisant savoir sur Twitter que son administra­tion n’entendait pas autoriser l’implantati­on d’un sens unique sur la rue Rosede-Lima compte tenu des «impacts négatifs» de cette mesure. «Veuillez prendre note que pour [sa] réalisatio­n, [le] projet nécessite une approbatio­n de la Ville. Réponse: Non», a-t-il écrit dans un gazouillis.

«Nous ne laisserons pas l’arrondisse­ment du Sud-Ouest souffrir du syndrome du Plateau-Mont-Royal… », a-t-il ajouté par la suite.

Projet approuvé

En réplique à Denis Coderre, Benoit Dorais a reproduit sur le réseau social les documents officiels démontrant que le conseil municipal et le Service des infrastruc­tures de la Ville avaient donné leur accord au projet. D’ailleurs, les travaux sont maintenant terminés.

Le 22 août 2016, le conseil municipal a approuvé l’octroi un contrat de 10,4 millions au Groupe TNT pour la reconstruc­tion des infrastruc­tures souterrain­es et divers travaux de réaménagem­ent sur la rue Notre-Dame Ouest, entre l’avenue Atwater et la rue Saint-Augustin. L’intersecti­on des rues Notre-Dame et Rosede-Lima a été entièremen­t refaite afin de la rendre plus sécuritair­e pour les piétons, les cyclistes et les personnes à mobilité réduite. La chaussée a du même coup été rétrécie et la circulatio­n, autrefois à double sens, n’est désormais autorisée que vers le nord.

Des commerçant­s, dont l’homme d’affaires Peter Sergakis, ont toutefois exprimé leur mécontente­ment face à l’implantati­on d’un sens unique, craignant une baisse d’achalandag­e dans leurs boutiques.

Défaire ce qui a été fait

Benoit Dorais ne comprend pas la sortie de Denis Coderre. «S’il veut revenir en arrière, il faudra qu’il défasse au complet ce qu’il a autorisé en août dernier. Il lui faudra détruire en partie le parc qui a été agrandi, démolir les aménagemen­ts flambant neufs, revoir au complet les feux de circulatio­n et les deux passages pour piétons. On est dans une facture extrêmemen­t élevée », a-t-il expliqué au Devoir.

Benoit Dorais a appelé Denis Coderre, mais il soutient que le maire lui aurait raccroché au nez. Selon M. Dorais, plusieurs scénarios d’aménagemen­t ont été soumis aux citoyens et une majorité d’entre eux se sont prononcés en faveur du projet comportant un sens unique sur la rue Rose-de-Lima. Même l’associatio­n des commerçant­s était au courant des changement­s à venir, a-t-il dit.

Les deux élus ont poursuivi leur querelle sur Twitter en soirée. Le maire Coderre a affirmé que la Ville avait autorisé les travaux sur la rue Notre-Dame Ouest, mais pas ceux de la rue Rose-de-Lima: «La Ville ne financera pas un projet de plusieurs millions de dollars qui implique un sens unique vers le nord sur ce tronçon de la rue Rose-de-Lima. Les impacts sont trop importants pour les citoyens, notamment pour le transport collectif».

«À coups de 140 caractères, on n’y arrivera pas, a rétorqué le maire Dorais. Venez me rejoindre [à l’intersecti­on] pour qu’on en jase sur le parc agrandi à même la voie sud.» M. Coderre a décliné l’offre.

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