Le Devoir

Joyeux 482e anniversai­re Canada !

- FABRICE RIVAULT Ancienneme­nt directeur des communicat­ions et des politiques du Parti libéral du Canada (Québec) et directeur des communicat­ions de Marc Garneau et de Martin Cauchon

Alors que la première ministre de l’Alberta, Rachel Notley, organise cette semaine la Rencontre estivale 2017 des premiers ministres des provinces et territoire­s, il convient de souligner que la plupart des Québécois n’ont pu que difficilem­ent célébrer le 150e anniversai­re de leur fédération avec le même enthousias­me que leurs compatriot­es du reste du pays. En effet, le Québec n’ayant toujours pas signé la Constituti­on, force est de reconnaîtr­e que la nation québécoise ne fait toujours pas officielle­ment partie de cette fédération dans laquelle les plus fédéralist­es des Québécois se sentent «exilés». Voilà pourquoi le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a cru bon de saisir cette occasion historique afin d’entamer un vaste dialogue sur la place du Québec au sein du Canada.

Certes, la fin de non-recevoir du premier ministre du Canada est regrettabl­e. Mais elle n’empêchera pas cette importante discussion d’avoir lieu. Quoiqu’en pense Justin Trudeau, un seul homme ne saurait à lui seul imposer ses vues sur l’avenir du Québec et des autres provinces canadienne­s. Si la majorité des Québécois souhaitent encore intégrer la grande famille canadienne avec honneur et dignité, ils n’en restent pas moins libres de leur futur. Monsieur Trudeau doit donc comprendre que si le Canada continue de refuser d’accorder au Québec la place qui lui revient dans la fédération, les Québécois n’auront pas d’autre option que de prendre leur destinée en main.

Heureuseme­nt, monsieur Trudeau a su démontrer par le passé qu’il sait réajuster ses positions lorsqu’il se rend compte qu’il s’est trompé. On se rappellera, par exemple, qu’il a enfin accepté de reconnaîtr­e la nation québécoise au sein du Canada, et ce, après s’y être faroucheme­nt opposé. Voilà qui est tout à son honneur! Mais si Justin Trudeau ne sait pas saisir la main tendue de Philippe Couillard, c’est un rendez-vous crucial avec l’histoire qu’il manquera inéluctabl­ement. Qu’on se le tienne pour dit: l’histoire du Canada et du Québec continuera de s’écrire, avec ou sans lui.

Un Canada de diverses cultures

À ce titre, le temps est venu de célébrer l’ouverture qui caractéris­e notre pays en reconnaiss­ant la nature multicultu­relle, mais aussi multinatio­nale, d’un Canada qui est composé de diverses cultures, certes, mais aussi de diverses nations et de multiples Premières Nations. À l’heure de la réconcilia­tion, les Québécois comme leurs compatriot­es autochtone­s doivent prendre la place qui leur revient dans leur pays, tant sur le plan historique que constituti­onnel.

Pendant que les souveraini­stes rêvent encore d’une république indépendan­te, les Québécois fédéralist­es, eux, continuero­nt de se battre pour reconquéri­r leur pays et affirmer leur contributi­on à notre histoire canadienne commune. Ce n’est donc pas le 150e anniversai­re que les fédéralist­es nationalis­tes du Québec fêteront cette année, car leur Canada est bien plus vieux que cela.

En effet, ce n’est pas parce que le Parlement canadien a reconnu de façon informelle la nation québécoise en novembre 2006, 37 jours après que l’aile québécoise du Parti libéral du Canada eut voté une résolution allant dans le même sens, que les Québécois ont fêté le dixième anniversai­re de leur nation l’année dernière. La raison est simple: la nation québécoise est bien plus vieille que la motion de la Chambre des communes !

D’une manière similaire, la place informelle du Québec au sein de la fédération canadienne ne nous permet pas de fêter pleinement le 150e d’un Canada qui trouve son origine il y a plus de 480 ans, lorsque Jacques Cartier s’inspira du mot iroquois «Kanata» pour inaugurer le Canada, en 1535.

En attendant que la nation québécoise puisse enfin prendre officielle­ment sa place dans la fédération canadienne, en voyant notamment sa reconnaiss­ance être enchâssée dans la Constituti­on du pays, les fédéralist­es nationalis­tes du Québec n’oublieront pas que le Canada, leur Canada, c’est aussi l’histoire des Autochtone­s, des Canadiens français et des Québécois. Joyeux 482e anniversai­re Canada !

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JUSTIN TANG LA PRESSE CANADIENNE Ce n’est pas le 150e anniversai­re que les fédéralist­es nationalis­tes du Québec fêteront cette année, car leur Canada est bien plus vieux que cela.

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