Des passagers clandestins dans un conteneur
Les quatre hommes se seraient faufilés sur un navire parti d’Allemagne le 10 juillet
Quatre migrants dans un état de déshydratation grave ont été trouvés jeudi matin dans un conteneur du port de Montréal.
Les quatre hommes dans la trentaine auraient passé de 10 à 20 jours, selon les sources, dans cette caisse métallique sur un navire parti du port de Hambourg en Allemagne le 10 juillet.
Des ambulances ont été dépêchées sur place vers 7h15, a indiqué un porte-parole d’Urgences-santé. Deux des hommes étaient dans un «état de déshydratation extrême», souffrant de coups de chaleur et de problèmes respiratoires, mais leur vie n’était pas en danger. Au moment d’écrire ces lignes, ils étaient tous les quatre dans un état stable à l’Hôpital Santa Cabrini.
Le Syndicat des débardeurs du port de Montréal a identifié le conteneur où se trouvaient les quatre hommes comme provenant de OOCL Montréal. Une enquête interne a été ouverte par la compagnie OOCL, a confirmé Brian Keegan, chef des opérations pour Montréal. Il n’a souhaité confirmer ou infirmer aucune autre information.
«La GRC fera une enquête de faits pour découvrir d’où ils viennent et qui ils sont», a précisé quant à lui Érique Gasse, porte-parole de la Gendarmerie royale du Canada (GRC).
L’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) est responsable des hommes pour l’instant et confirme que des passagers clandestins ont été interceptés. «Mais parce que les événements sont en cours, et pour des raisons de protection des renseignements personnels, nous ne pouvons pas donner plus d’information» ,a ajouté Judith Gadbois-St-Cyr, porte-parole de l’Agence pour le Québec.
Rare
Il s’agit d’un cas exceptionnel. Même si la découverte revêt un aspect «triste» et «spectaculaire», reconnaît le gendarme Gasse, le dossier est traité comme une entrée illégale au pays par la police fédérale.
Les quatre hommes ont la possibilité de déposer une demande d’asile. Leur sort ne serait alors pas différent de celui des personnes qui traversent la frontière à pied de manière irrégulière, compare Stephan Reichhold, directeur de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI).
S’ils demandent l’asile, ils pourront être dirigés vers un hébergement temporaire, indique-til, et suivront ensuite « le parcours habituel » d’audience devant la Commission de l’immigration et du statut de réfugié.
Contrairement au nombre croissant de demandeurs d’asile entrés par la terre depuis les ÉtatsUnis — plus de 2700 depuis janvier —, les arrivées irrégulières par voie maritime se sont faites de plus en plus rares dans les dernières années.
En 2009 et 2010, l’arrivée de deux bateaux sur les côtes de la Colombie-Britannique avait marqué les consciences. L’Ocean Lady contenait 76 passages et le MV Sun Sea, 492: hommes, femmes et enfants avaient navigué pendant de longues semaines depuis le Sri Lanka. Ils débarquaient au Canada non pas comme clandestins, mais en demandant immédiatement l’asile.
Le gouvernement alors dirigé par Stephen Harper avait accouché expressément d’un projet de loi pour décourager les «arrivées massives» de demandeurs d’asile.
Les deux premières moutures du projet de loi sur l’immigration étaient cependant restées lettre morte. La réforme promise par les conservateurs avait finalement été adoptée en juin 2012, englobée par le projet de loi «mammouth» C-38.