Le Devoir

La BCE appelle avec insistance à patienter

- ISABELLE LE PAGE MARIE JULIEN à Francfort

La Banque centrale européenne (BCE) n’a pas fait bouger d’un pouce sa politique monétaire abreuvant les marchés d’argent bon marché, appelant jeudi à attendre patiemment une véritable accélérati­on de l’inflation avant d’envisager un changement de cap.

«L’inflation n’est pas au niveau où nous voulons qu’elle soit, ou là où elle devrait être», a déclaré le président de l’institutio­n, Mario Draghi, lors d’une conférence de presse à l’issue de la réunion de son conseil des gouverneur­s. « Nous devons être persévéran­ts, patients et prudents», a-t-il martelé à plusieurs reprises.

Le but était clair: ne pas faire s’emballer une nouvelle fois les marchés sur des intentions qui ne sont pas vraiment les siennes, comme cela s’était produit en juin. À l’occasion d’un discours au Portugal, Mario Draghi avait provoqué une minipaniqu­e en semblant se montrer plus confiant sur la reprise à venir de l’inflation, ce que les marchés avaient interprété comme le signe d’une sortie plus rapide qu’anticipé jusqu’ici de la politique ultra-accommodan­te.

Mais ce jeudi, comme attendu, l’institutio­n monétaire de Francfort a maintenu à zéro son principal taux directeur, qui fait référence pour le crédit en zone euro. Le taux de dépôt au jour le jour est resté à -0,4%. Les taux sont à ces plus bas niveaux historique­s depuis mars 2016.

La BCE n’a pas modifié non plus son programme massif de rachats de dettes, dont elle se laisse toujours la possibilit­é d’accroître le montant — aujourd’hui de 60 milliards d’euros par mois — ou la durée si nécessaire. Certains analystes escomptaie­nt une disparitio­n de la référence à une possible hausse du volume des rachats d’actifs, ce qui aurait donné le signal que ce programme, surnommé «QE», avait atteint son apogée. Mais Mario Draghi n’a pas changé un mot dans son discours répété depuis des mois. Si la reprise économique en zone euro continue de se raffermir, l’inflation, excluant les prix de l’énergie et de l’alimentati­on, «reste dans l’ensemble à des niveaux restreints»,a rappelé le président de la BCE. En effet avec une inflation à 1,3% seulement en zone euro pour le mois de juin, la BCE est loin d’avoir atteint son objectif de stabilité des prix, fixé à un peu moins de 2% sur le moyen terme.

Dans cette situation, il a semblé évident aux gouverneur­s de la BCE qu’un «niveau très important d’accommodat­ion monétaire est encore nécessaire». Selon Mario Draghi, un calendrier de sortie progressiv­e du vaste programme de rachat de dettes (QE) n’a pas été à l’ordre des discussion­s. Il ne reste pourtant à la BCE que trois réunions du conseil d’ici la fin de l’année pour expliquer comment et quand va être réduit ce programme, l’une des mesures phares mises en place pour aider l’économie de la zone euro et bannir le spectre de la déflation.

La BCE n’a pas modifié non plus son programme massif de rachats de dettes

 ?? EMMANUEL DUNAND AGENCE FRANCE-PRESSE ?? «L’inflation n’est pas au niveau où nous voulons qu’elle soit, ou là où elle devrait être», a déclaré le président de la BCE, Mario Draghi.
EMMANUEL DUNAND AGENCE FRANCE-PRESSE «L’inflation n’est pas au niveau où nous voulons qu’elle soit, ou là où elle devrait être», a déclaré le président de la BCE, Mario Draghi.

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