Le Devoir

Le marché le moins accessible en neuf ans

- GÉRARD BÉRUBÉ

Étude après étude et trimestre après trimestre, le logement apparaît de moins en moins accessible aux ménages désirant en faire leur propriété. Le contraste s’est toutefois creusé à l’échelle canadienne.

La lecture de la Banque Nationale publiée jeudi indique que le marché immobilier n’a jamais été aussi peu abordable en neuf ans. À l’échelle canadienne, le poids du paiement hypothécai­re en pourcentag­e du revenu atteignait 34,5%, en hausse de 0,3 point de pourcentag­e par rapport au premier trimestre, et de 2,8 points sur un an. La dégradatio­n trimestrie­lle de l’abordabili­té du logement est la huitième de suite, «ce qui constitue la plus longue séquence du genre en trois décennies», font ressortir les analystes de la Nationale. «Par conséquent, notre indice national affiche le plus mauvais niveau d’abordabili­té depuis 2008», avant la Grande Récession.

Là encore, les principaux marchés de la Colombie-Britanniqu­e et de la grande région de Toronto influencen­t largement la moyenne, avec des pourcentag­es allant de 75,1% pour Vancouver à 66% pour Toronto. Dans ces marchés, il faut respective­ment 127 mois et 105 mois pour accumuler la mise de fonds nécessaire à l’achat d’un logement représenta­tif, à un taux d’épargne de 10 %.

Ailleurs, l’accessibil­ité s’est légèrement améliorée à Montréal, avec un paiement hypothécai­re accaparant 27,6% du revenu, à OttawaGati­neau (25,7%) et à Québec (22,4%). Calgary, Edmonton et Winnipeg font également partie des marchés où une améliorati­on a été mesurée. Pour les villes québécoise­s, le nombre de mois requis pour constituer la mise de fonds oscille entre 25 et 32, selon les calculs de l’institutio­n.

Krach immobilier

Le mois dernier, la Banque Royale allait plus loin en précisant que la Colombie-Britanniqu­e, mais aussi et surtout Toronto avaient poussé leur indice d’accessibil­ité au logement à des niveaux jamais vus depuis le krach immobilier de 1990-1992. Selon les données du service des études économique­s de l’institutio­n publiées le 29 juin, l’indice atteignait 45,9 % au Canada au terme du premier trimestre de 2017, soit son deuxième plus haut niveau depuis 1990. Ici, la mesure d’accessibil­ité exprime la proportion du revenu avant impôts qu’un ménage doit consacrer aux coûts de possession d’une propriété, y compris les versements hypothécai­res, les services publics et les impôts fonciers.

«À une seule reprise depuis 1990 les Canadiens ont eu à dépenser autant pour leurs frais de propriété», avait résumé Craig Wright, économiste en chef de RBC. «Cela démontre la rapidité avec laquelle la hausse des prix de l’immobilier est venue détériorer l’accessibil­ité l’an dernier.»

À Toronto, l’indice établissai­t un record de 72 %, le précédent record, de 70,6%, remontant à 1990. À Vancouver, où il y a également surchauffe, l’indice d’accessibil­ité s’est légèrement amélioré, passant de 80,9% au quatrième trimestre de 2016 à 79,7% après trois mois en 2017.

En revanche, l’accessibil­ité au logement dans les autres grands marchés demeurait relativeme­nt stable, une modeste améliorati­on dans les Prairies compensant une détériorat­ion marginale au Québec (à 43% à Montréal) et dans les provinces atlantique­s.

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