Stone : musique d’accompagnement
STONE Direction créative : Daniel Fortin. Mise en scène: Jean-Guy Legault. Direction musicale: Jean-Phi Goncalves. Une production de la compagnie 45 Degrees, une division du Cirque du Soleil. À l’amphithéâtre Cogeco de Trois-Rivières jusqu’au 19 août.
Après Beau Dommage et Robert Charlebois, voilà que le Cirque du Soleil jette son dévolu sur l’univers musical de Luc Plamondon. S’il offre plusieurs exploits et quelques moments de beauté, l’hommage au parolier chéri, présenté à Trois-Rivières dans un amphithéâtre majestueux de 3500 sièges, n’en est pas moins une juxtaposition de numéros de cirque sans véritables liens avec les textes des chansons.
On commence par s’étonner que les pièces musicales, reprises des plus grandes oeuvres du répertoire de l’auteur et de quelques autres moins connues, soient préenregistrées. On entend des voix superbes: celles d’artistes chevronnées comme Ariane Moffatt, Betty Bonifassi et MariePierre Arthur, mais aussi celles de quelques représentantes de la relève, comme Beyries, Gabrielle Shonk et La Bronze. Soyons clairs, les arrangements de Jean-Phi Goncalves sont très réussis. On souhaite vivement la parution d’un album! La véritable question, c’est pourquoi, dans un spectacle qui prend le chant et la musique comme point de départ, a-t-on cru bon de se passer de la présence unique des chanteuses et des musiciens ?
Pour fédérer un brin cette suite de numéros disparates, le metteur en scène Jean-Guy Legault a imaginé avec le scénographe Simon Guilbault et l’éclairagiste Étienne Boucher un parc d’attractions désaffecté ; un clin d’oeil, vous l’aurez compris, au Parc Belmont immortalisé par Diane Dufresne. En guise de fil rouge dans cet univers postapocalyptique: un maestro, qui ressemble davantage à Mozart qu’à Plamondon, s’adonne à quelques pitreries. Ici et là, une «muse automate aphone», une certaine Lolita, fait des apparitions lumineuses, mais pas tout à fait éclairantes.
De manière générale, les tableaux plus oniriques, poétiques, tombent à plat. Même chose pour les scènes de groupe, notamment celle consacrée aux sans-papiers de Notre-Dame-de-Paris, dont les chorégraphies manquent d’originalité et de conviction. Certains passages semblent tout simplement de trop, à commencer par ceux utilisant les élastiques et le feu. Les déploiements clownesques, comme celui qui accompagne le pot-pourri de chansons d’amour, sont généralement peu inspirés.
Heureusement, certains numéros laissent des impressions plus fortes, comme le magnifique duo exécuté aux sangles par Iryna Galenchyk et Dmytro Turkeiev. Certains éblouissent pour des raisons techniques, comme les porteurs parallèles qui nous font retenir notre souffle, ou encore Aaron Hakala et Lukas Ivanow, dont la maîtrise de la planche coréenne force l’admiration. Sans oublier les spectaculaires jeux aériens de Batbold Andryei et Munkhbat Ganbayar. Bien davantage que pour renouer avec les oeuvres de Plamondon, ou pour vous faire raconter une fabuleuse histoire, c’est pour apprécier le travail de ces acrobates qu’il est indiqué de faire un détour par Trois-Rivières cet été.