Le Devoir

O.J. Simpson obtient sa libération anticipée

- JAVIER TOVAR à Los Angeles CHRIS LEFKOW à Washington

L’ex-vedette de football américain O.J. Simpson a obtenu jeudi sa libération anticipée de prison après neuf ans derrière les barreaux pour sa participat­ion à un vol à main armée.

La commission des libération­s conditionn­elles de l’État du Nevada a voté à l’unanimité, et O.J. Simpson, 70 ans, pourrait retrouver la liberté dès le 1er octobre de cette année.

«C’était un crime grave. Vous méritez d’avoir été envoyé en prison […]. La question est de savoir si vous avez passé suf fisamment de temps en prison pour ce dossier», a déclaré l’un des membres de la commission, Tony Corda, avant d’accorder son vote en faveur d’une libération anticipée.

«J’ai fait mon temps», a auparavant plaidé O.J. Simpson par vidéoconfé­rence depuis sa prison de Lovelock (Nevada), au cours d’une audience retransmis­e en direct par les grandes chaînes d’informatio­n américaine­s.

«Si j’avais fait preuve d’un meilleur jugement à l’époque, rien de tout cela ne serait arrivé», a poursuivi M. Simpson à propos du vol à main armée de deux marchands de souvenirs sportifs, en septembre 2007, pour lequel il a été condamné en octobre 2008 à une peine allant de neuf à 33 ans d’incarcérat­ion.

Célèbre dans le monde entier pour avoir été acquitté du meurtre de son ex-femme et de l’ami de cette dernière après un procès retentissa­nt et ultramédia­tisé, O.J. Simpson a été reconnu coupable de douze chefs d’accusation, dont vol à main armée, agression et enlèvement.

Il s’était rendu, en septembre 2007, en compagnie de cinq complices — dont deux étaient armés — dans un hôtel-casino de Las Vegas pour dérober des souvenirs sportifs. L’ex-athlète a affirmé qu’il essayait simplement de récupérer ces objets, qui lui avaient été volés par les deux vendeurs spécialisé­s dans ce type de marchandis­es, qui ont été agressés par le groupe.

Mais sa version n’avait pas convaincu un jury de Las Vegas.

En 2013, il avait toutefois obtenu une liberté conditionn­elle concernant certains volets de sa sentence. La commission a examiné jeudi les condamnati­ons restantes.

O.J. Simpson a bénéficié du témoignage de l’une des victimes du vol de 2007, Bruce Fromong, qui a plaidé jeudi en sa faveur.

«Il est temps de lui donner une seconde chance. Il est temps pour lui de rentrer chez lui avec sa famille, ses amis. C’est un homme bon qui a fait une erreur», a-t-il dit à l’audience.

Procès spectacula­ire

Né à San Francisco le 9 juillet 1947, O.J. Simpson est devenu célèbre dans les années 1970 grâce à ses performanc­es au sein de l’équipe des Buffalo Bills.

Séduisant, charismati­que, il a conservé une popularité immense bien après sa retraite de la NFL en 1979, poursuivan­t notamment une carrière d’acteur.

Mais le 12 juin 1994, son ex-femme Nicole Brown — ils ont été mariés de 1985 à 1992 — est découverte morte à Los Angeles dans une mare de sang, aux côtés de son ami Ronald Goldman, lui aussi sauvagemen­t assassiné.

Après une poursuite en voiture de plusieurs heures, suivie en direct par des millions de téléspecta­teurs, il est arrêté par la police.

Au terme d’un procès spectacula­ire retransmis pendant neuf mois en direct à la télévision, un jury de Los Angeles l’acquitte. Cette décision provoque une vague d’indignatio­n aux relents de racisme, car l’ex-joueur est Noir et les deux victimes étaient Blanches.

Son acquitteme­nt au pénal ne l’a pas empêché d’être reconnu responsabl­e de leur mort lors d’un procès civil en 1997. Il a été condamné à payer plus de 33 millions de dollars à leurs familles, ce qu’il n’a jamais fait.

Si son emprisonne­ment a écarté l’ex-joueur du feu des projecteur­s, la fascinatio­n qu’il suscite reste bien vivace. La série de presque huit heures qui lui a été consacrée, O.J.: Made in America, a reçu en février l’Oscar du meilleur documentai­re.

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O.J. Simpson

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