Le Devoir

Sean Spicer, le porte-parole qui ne manquait pas de piquant

Le républicai­n a multiplié les moments de colère et les gaffes, au grand plaisir du public

- PHILIPPE PAPINEAU

Les points de presse quotidiens de la Maison-Blanche font partie de la tradition politique à Washington. Jusqu’à récemment, ces rencontres médiatique­s n’avaient pourtant que très rarement marqué l’imaginaire américain. C’était avant Sean Spicer.

Au fil des mois, depuis sa nomination en décembre dernier, le porte-parole du président américain a fait couler beaucoup d’encre et est régulièrem­ent devenu lui-même la nouvelle. Pour toutes sortes de mauvaises raisons.

Spicer, qui a annoncé sa démission vendredi matin, avait donné le ton dès son premier point de presse le 21 janvier 2017, dans lequel l’homme de 45 ans s’était montré hargneux et très critique envers le travail des médias tout en enfilant les erreurs factuelles sur la cérémonie d’inaugurati­on du président Trump.

Le républicai­n a multiplié au fil des mois les moments de colère et d’impatience, se mettant aussi à plusieurs reprises les pieds dans les plats, autant lors de ses points de presse que sur la plateforme Twitter, qu’aime tant son patron.

Série de gaffes

Une des principale­s gaffes de Sean Spicer remonte à la mi-avril, alors qu’il avait comparé le président syrien, Bachar al-Assad, à Adolf Hitler, ajoutant qu’«une personne aussi abjecte qu’Hitler n’est même pas tombée aussi bas que d’utiliser des armes chimiques». Spicer avait aussi renommé les camps de concentrat­ion des «centres d’Holocauste». Il avait par la suite présenté ses excuses après une controvers­e sur ce sujet.

Le porte-parole de Trump — qui n’a pas une mince tâche, ont régulièrem­ent répété des analystes politiques dans les médias américains — s’est aussi rendu célèbre en se cachant pendant plusieurs minutes dans les buissons des jardins de la Maison-Blanche pour éviter d’avoir à répondre aux questions des journalist­es sur l’éviction du patron du FBI, James Comey.

Washington a par la suite précisé que Spicer n’était pas caché dans les branchages, mais qu’il était « parmi » les buissons. La situation, totalement absurde, a nourri les émissions d’humour et les late shows aux États-Unis.

Au fil des jours, Spicer aura aussi massacré de nombreux mots de la langue anglaise, trébuchant régulièrem­ent sur des vocables simples, disant par exemple «jordge» au lieu de «juge», ou «althewise» au lieu d’«otherwise». Il aura aussi appelé «Joe» le premier ministre canadien, Justin Trudeau.

Populaire

Ses points de presse télévisés sont donc devenus fort suivis, scrutés de manière presque morbide dans l’attente d’une bourde ou d’un accroc.

Tellement qu’en février, le New York Times écrivait que Sean Spicer attirait en moyenne 4,3 millions de téléspecta­teurs, selon les chiffres de la firme Nielsen. Il dépassait ainsi en popularité les célèbres «soaps» comme General Hospital et The Bold and the Beautiful.

Deux mois plus tard, alors que Spicer était à nouveau sur les charbons ardents, le président Donald Trump a affirmé au Washington Post qu’il « n’allait pas congédier Sean Spicer» parce que «ce gars a de bonnes cotes d’écoute».

Parodie

La consécrati­on est toutefois venue avec la parodie que lui a consacrée l’actrice Melissa McCarthy à Saturday Night Live (SNL). L’émission avait d’abord mis en scène un président Trump interprété par Alec Baldwin, avant de se concentrer sur Spicer, dépeint en tyran installé sur un lutrin motorisé, arrosant les journalist­es avec un fusil à eau.

McCarthy a repris plusieurs fois le personnage de Spicer, et les sketchs ont connu un fort succès. Selon des chiffres de l’AFP, les imitations ont propulsé l’audience de l’émission 30% au-dessus de son niveau moyen de 2016 et à des niveaux jamais vus depuis près de 25 ans.

Réactions

Les internaute­s se sont régalés au cours des six derniers mois avec les frasques de Spicer, multiplian­t les blagues, les gifs, les mèmes et les photos détournées.

Autre preuve que l’homme était plus grand (ou plus petit) que nature, l’annonce de sa démission aura créé vendredi une vague de nouveaux commentair­es et de montages photo — adaptez ici votre blague de buisson préférée.

Visiblemen­t, autant le Web a aimé le détester, autant il s’ennuiera de ce porte-parole qui ne manquait pas de piquant.

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PABLO MARTINEZ MONSIVAIS ASSOCIATED PRESS Sean Spicer a souvent eu maille à partir avec les journalist­es lors de ses points de presse.

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