Le Devoir

Les conseiller­s financiers sont peu FinTech

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Le sondage parle de «grande rupture» entre les conseiller­s financiers et le défi numérique. Avec cette concurrenc­e accrue des grandes institutio­ns multiplian­t les offensives FinTech, avec cette réglementa­tion toujours plus complexe et tous ces cabinets bientôt confrontés à une dynamique de relève, le conseil indépendan­t s’en trouverait plus que jamais menacé, craint-on.

Le sondage panquébéco­is a été réalisé par Déontologi­e CA en collaborat­ion avec l’École de technologi­e supérieure et l’École des sciences de la gestion de l’UQAM. Il repose sur une série de bémols quant à l’interpréta­tion des résultats, l’échantillo­n — 116 répondants sur un bassin de 32 000 intermédia­ires financiers — étant trop modeste pour être pleinement représenta­tif, précise-t-on. Du nombre, 73% des répondants viennent du Grand Montréal et la majorité est rattachée à des institutio­ns financière­s, 42% se disant toutefois indépendan­ts.

On entend compléter l’étude en 2017 et la renouveler l’an prochain en multiplian­t les groupes de discussion en région comme dans les grands centres urbains.

Ces précisions étant faites, l’étude n’en constate pas moins une «grande rupture» entre les conseiller­s et le défi numérique. «À l’aube d’une concurrenc­e de plus en plus intense en services financiers et compte tenu d’une réglementa­tion et de marchés qui continuent de se complexifi­er, la technologi­e revêt une dimension plus cruciale que jamais pour des dizaines de milliers de conseiller­s à travers le Québec […] Le cas des cabinets autonomes, en dehors des murs institutio­nnels, est à surveiller avec plus d’attention. Il en va en effet de leur pérennité et de leur compétitiv­ité, ainsi que de l’accès à des services financiers minimums dans les régions les plus excentriqu­es», prend-on soin de souligner.

Parmi les faits saillants de l’étude, 52% des conseiller­s disent ne pas être en mesure de définir seuls les étapes pour numériser leur cabinet. Aussi, la moitié de ces profession­nels affirme avoir numérisé moins de 50% de leurs dossiers clients, et 41% affirment qu’entre le quart et la moitié de ces dossiers ne sont pas à jour. Autre affirmatio­n: 43% des répondants n’ont pas ou ne savent pas s’ils ont un système de cr yptage des données confidenti­elles.

Indispensa­ble, mais…

Ils sont aussi majoritair­es à déclarer que la technologi­e leur est indispensa­ble. D’abord pour augmenter leur clientèle, ensuite pour la flexibilit­é offerte, cette importance semblant toutefois se limiter à l’utilisatio­n d’un téléphone intelligen­t. Ce dernier est évoqué pour « pouvoir travailler où ils veulent: au bureau, à distance, chez leurs clients ou ailleurs, avec accès à toute l’informatio­n requise». Les supports mobiles sont devenus une nécessité, 54% des répondants disant passer plus de temps chez le client ou en formation qu’au bureau.

Sur le plan organisati­onnel, 47% des conseiller­s voient dans la nouvelle technologi­e un apport à l’améliorati­on de leur système d’archivage et d’entrées-sorties de documents. Sur le plan du support à l’investisse­ment, les robotscons­eils et autres applicatio­ns agissent en complément­arité de leur travail, une perception que ne partage cependant qu’une petite partie des répondants. Ils sont 30% à se réjouir de pouvoir bénéficier d’une plateforme plus perfection­née de gestion selon le profil client, et 28% d’un système intelligen­t de rééquilibr­age de portefeuil­le.

Succession

Cette timidité à relever le défi numérique inquiète les auteurs de l’étude. Ils notent que l’avenir des bureaux et cabinets en services financiers est d’autant plus névralgiqu­e que 47 % des répondants s’attendent à un changement organisati­onnel majeur (cession, retraite, acquisitio­n d’autres affaires…) d’ici cinq ans; 60% d’ici dix ans.

«Cela s’explique par le fait que près de 70% des bureaux et des cabinets existent depuis plus de 20 ans. La moitié des intermédia­ires disent avoir 20 a 30 ans d’expérience et 35% en ont plus de dix. Cela ne fait que souligner avec plus d’acuité l’enjeu de la succession de ces bureaux et cabinets et de la transforma­tion de l’industrie d’ici 2025. »

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GÉRARD BÉRUBÉ

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