Le Devoir

Le sort de Jeff Sessions semble scellé

Reste à savoir quand et comment: démission ou limogeage?

- CHRISTOPHE VOGT à Washington

Le ministre américain de la Justice a été soumis à un feu roulant de critiques par Donald Trump mardi, mettant Jeff Sessions dans une position de plus en plus intenable.

Le président a choisi la solennité d’une conférence de presse à la Maison-Blanche, avec un hôte étranger, pour asséner un nouveau coup à Jeff Session, à qui il reproche de ne pas l’isoler des enquêtes sur l’affaire russe qui empoisonne son début de mandat.

«Je suis déçu par le ministre de la Justice»,a dit M. Trump, sans répondre au journalist­e qui lui demandait pourquoi il ne limogeait pas celui qui fut l’un de ses premiers et plus précieux alliés dans sa course à la Maison-Blanche.

La sortie du président — après un tweet matinal au ton cinglant — laisse peu de doute sur le départ prochain de Jeff Sessions en démissionn­ant ou en étant limogé.

« Nous arriverons bientôt à un dénouement », avait d’ailleurs promis un peu plus tôt Anthony Scaramucci, le nouveau directeur de communicat­ion de la Maison-Blanche. «Il y a manifestem­ent un problème. »

Depuis le 19 juillet et une entrevue du président au New York Times, il ne faisait plus de doute que M. Sessions n’avait plus la confiance du président.

Donald Trump reproche à son ministre de s’être récusé dans l’enquête menée d’abord par le FBI — et désormais par un procureur spécial — sur l’ingérence du Kremlin dans l’élection présidenti­elle et sur d’éventuelle­s complicité­s au sein de l’équipe de campagne de M. Trump.

Le ministre de la Justice avait omis de rapporter une rencontre avec l’ambassadeu­r russe à Washington, Sergueï Kisliak, plus tard révélée par la presse.

En se mettant volontaire­ment à l’écart, M. Sessions est devenu impuissant aux yeux du président à le protéger si le besoin devait se faire sentir.

L’ancien sénateur d’Alabama s’est en particulie­r mis dans l’impossibil­ité de limoger le procureur spécial nommé dans l’affaire russe si le président le lui demandait. Ce dernier a déjà

renvoyé le directeur du FBI, James Comey, à cause de son rôle dans l’enquête russe.

Selon le Washington Post, le président et ses conseiller­s cherchent activement un remplaçant à M. Sessions.

Le nom de Rudy Giuliani, l’ancien maire de New York et lui aussi fidèle soutien de M. Trump pendant la campagne, a été avancé par le site d’informatio­n Axios. M. Giuliani avait déjà été pressenti pour occuper le poste, mais il a affirmé lundi que M. Sessions « avait pris la bonne décision [en se récusant] au regard des règles du ministère de la Justice».

Le nom de Ted Cruz, un sénateur du Texas et ancien rival du président dans la primaire républicai­ne, a également été évoqué.

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EVAN VUCI ASSOCIATED PRESS Le président Donald Trump et et le ministre de la Justice Jeff Sessions en mai dernier à Washington

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