«Il n’y a rien d’improvisé», assure Coderre
L’opposition pourfend la Ville pour le choix du circuit urbain et les coûts élevés de l’événement
«C’est un événement qui va être magique, qui va être important.» Le maire Denis Coderre a défendu avec ferveur mardi le championnat de Formule E, qui se tiendra à Montréal samedi et dimanche.
De retour de vacances, le maire a réfuté pratiquement une par une les critiques des opposants à l’événement.
La Ville a dépensé 24 millions pour cette course, un investissement jugé trop élevé par l’opposition, qui tenait une conférence de presse peu après le point de presse du maire.
«Montréal est la seule ville qui utilise abondamment l’argent [de sa population]. On est rendu à 24 millions, 34 millions si on inclut la marge de crédit [de 10 millions accordée à l’organisme responsable de l’événement, Montréal, c’est électrique] », a dénoncé la chef de Projet Montréal, Valérie Plante.
«D’autres villes paient, s’est défendu le maire. Mais vous comprendrez qu’il y a un élément de confidentialité entre les dirigeants de la Formule électrique et ces villes.»
Les opposants ont également déploré la dépense de 7,5 millions de la Ville pour des murets neufs, alors qu’elle aurait pu louer ceux du circuit Gilles-Villeneuve. Ce à quoi M. Coderre a rétorqué: «Ces murets vont pouvoir servir pour d’autres événements importants. Pourquoi on n’a pas pris les murets de la Formule 1? Parce que ça a 10 ans, ces affaires-là!» Les déplacer n’aurait pas été sécuritaire, a-t-il affirmé.
Emplacement contesté
L’emplacement du circuit, délimité par les rues Viger, Papineau, René-Lévesque et Berri, dans l’est du centre-ville, a suscité plusieurs critiques, étant donné qu’il enclave quelque 1400 résidants et 25 commerçants. Plusieurs d’entre eux ont exprimé dans les derniers jours leur exaspération devant les travaux incessants et l’accès limité du secteur.
«Fermer le centre-ville comme l’administration a choisi de le faire pour la tenue de la Formule E, c’était une mauvaise idée», a déclaré Valérie Plante. La candidate à la mairie de Montréal a pris l’engagement de déplacer l’événement sur le circuit Gilles-Villeneuve, «là où il y a toutes les infrastructures», si elle est élue en novembre.
Hors de question, réplique le maire Coderre. Selon lui, cela engendrerait de la confusion entre la Formule 1 et la Formule E. «Ce sont deux événements complètement différents. On parle d’une course urbaine ici. »
Selon le maire, tenir la course sur le circuit Gilles-Villeneuve aurait coûté des « dizaines de millions » supplémentaires pour des raisons techniques qu’il n’a pas pu détailler.
«C’est impossible au niveau des ponceaux, il y a une réalité d’agencement. Je ne suis pas technicien ou expert, mais c’est par rapport au type de voiture », a-t-il dit.
Mettre Montréal «sur la map »
Le maire a assuré que la majorité des résidants qu’il a rencontrés étaient très heureux de la tenue de cette course. «Depuis le 22 février, on rencontre les résidants et les commerçants, il n’y a rien d’improvisé », a-t-il répété.
Chaque événement vient avec son lot de critiques, a poursuivi M. Coderre. «Si chaque fois on arrêtait les événements parce qu’il y a un certain lot de critiques, l’Expo 67 n’aurait jamais eu lieu», a-t-il déclaré.
En ce qui concerne les commerçants touchés, notamment ceux de la rue Ontario, qui ont dû démanteler leurs terrasses pour la tenue de la course, M. Coderre soutient que la Formule E leur apportera une clientèle supplémentaire.
«C’est pas une dépense, c’est un investissement », a martelé le maire. La première édition du ePrix de Montréal pourrait ne pas rapporter de bénéfices économiques, mais il faut penser aux impacts à long terme, croit le maire. « La formule électrique va mettre Montréal sur la map dans ce domaine. Dans le contexte de cette nouvelle culture de l’électrification, pourquoi on n’en profiterait pas?»