Le Devoir

Début de l’enquête préliminai­re sur Michel Cadotte, accusé de « meurtre par compassion »

- AMÉLI PINEDA Avec La Presse canadienne

L’enquête préliminai­re sur Michel Cadotte, accusé du meurtre de sa femme dans un CHSLD de Montréal-Nord en février 2017, a débuté mardi devant le juge David Simon de la Cour du Québec. L’homme de 56 ans était de retour en cour depuis sa remise en liberté le 7 juillet dernier.

Lors de cette première journée d’enquête préliminai­re, qui est frappée d’une ordonnance de non-publicatio­n, deux témoins ont été entendus, soit une pathologis­te et une préposée aux bénéficiai­res.

L’audience a été ajournée à mercredi pour l’audition d’autres témoins.

«Compassion»

Michel Cadotte est accusé du meurtre au second degré de sa femme, Jocelyne Lizotte, atteinte de la maladie d’Alzheimer.

Le 20 février 2017, dans un message publié sur sa page Facebook, l’homme écrivait attendre les policiers après avoir «craqué». Le terme de « meurtre par compassion» a été évoqué pour décrire le crime qui lui est reproché, mais celui-ci n’existe pas dans le vocabulair­e judiciaire.

Lors de l’enquête sur remise en liberté, début juillet, le juge Michel Penou soulignait que le geste de M. Cadotte semblait être «l’expression de l’épuisement physique, psychique et moral, de la colère, de la tristesse et de l’impuissanc­e d’un aidant naturel qui est troublé par le sort et le traitement réservé à sa conjointe souffrant d’alzheimer, et qui est incapable de se résigner à négliger et à oublier celle qu’il aime, bien qu’elle ne soit que l’ombre d’elle-même ».

Maladie

Un an avant la mort de Mme Lizotte, M. Cadotte avait formulé en son nom une demande d’aide médicale à mourir. Mais celle-ci avait été refusée. Mme Lizotte n’était déjà plus en mesure de formuler une telle demande par ellemême. Elle avait aussi signé un mandat d’inaptitude.

Le couple Cadotte-Lizotte s’était rencontré en 1997 et marié en 1998. Mme Lizotte avait éprouvé dès 2006 ses premiers symptômes de la maladie d’Alzheimer, avait relaté le juge Pennou en juillet.

Mme Lizotte avait fait un premier séjour à l’hôpital, en psychiatri­e, en 2013. Son état s’était ensuite dégradé, au point où elle ne parlait plus, ne pouvait plus manger par elle-même et devait être nourrie de purées pour ne pas s’étouffer; elle ne reconnaiss­ait plus personne et passait ses journées, pour l’essentiel, alitée ou dans un fauteuil, sauf si le personnel du CHSLD la faisait marcher durant quelques minutes.

Mme Lizotte, dont la mère avait aussi été atteinte d’alzheimer, avait déjà dit à sa soeur qu’elle préférerai­t mourir plutôt que de finir ainsi, avait relaté le juge.

M. Cadotte était pratiqueme­nt le seul à prendre soin de sa conjointe, et ce, depuis neuf ans, «au prix de son travail et de sa propre santé», a affirmé le juge Pennou.

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GRAHAM HUGHES LA PRESSE CANADIENNE La demande d’aide à mourir de la conjointe de Michel Cadotte avait été refusée, un an avant sa mort.

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