Le Devoir

Les analystes auront plusieurs questions pour Bombardier cette semaine

- JULIEN ARSENAULT

Sur fond de dispute commercial­e avec Boeing et de rumeurs de rapprochem­ent avec le géant allemand Siemens, Bombardier fera le point sur sa stratégie de redresseme­nt, vendredi, en dévoilant ses résultats du deuxième trimestre de l’exercice 2017.

Selon les analystes sondés par Thomson Reuters, le constructe­ur d’avions et de trains devrait dévoiler une perte ajustée de 1¢US par action, ce qui constituer­ait une améliorati­on par rapport à la perte ajustée de 6 ¢US par action affichée au deuxième trimestre en 2016. Certains anticipent un neuvième recul trimestrie­l consécutif au chapitre des revenus, qui devraient s’établir à environ 4,1 milliards.

Mais au-delà de la performanc­e financière de la multinatio­nale québécoise, les analystes devraient notamment tenter d’en savoir davantage sur les intentions de la direction à l’égard de la division ferroviair­e.

D’après l’agence Reuters, Bombardier et Siemens seraient dans les dernières étapes des négociatio­ns afin de regrouper leurs activités de matériel roulant pour mieux concurrenc­er le géant chinois CRRC. «À court terme, l’accent sera mis sur les développem­ents concernant une éventuelle coentrepri­se dans le secteur du transport pour Bombardier», écrit Walter Spracklin,

« La direction de Bombardier continue de faire miroiter les perspectiv­es [d’une commande] pour la CSeries, mais l’échéancier demeure incertain » Peter Sklar, analyste chez BMO Marchés des capitaux

de RBC Marchés des capitaux, dans un rapport. Selon l’analyste, un tel regroupeme­nt permettrai­t d’ajouter de la valeur au titre de Bombardier. Jusqu’à présent, Bombardier et Siemens n’ont pas voulu commenter les nombreuses rumeurs faisant état d’un rapprochem­ent entre les deux sociétés.

M. Spracklin a souligné que la division Transport de l’entreprise avait connu un solide deuxième trimestre en décrochant des contrats totalisant environ 2,4 milliards.

De son côté, Kevin Chiang, de CIBC Marchés des capitaux, s’attend à ce que l’entreprise québécoise explique quels pourraient être les impacts de la stratégie énergique de croissance de CRRC — né en 2015 — sur Bombardier Transport. Les occasions de consolidat­ion dans l’industrie ferroviair­e pourraient également figurer parmi les questions de l’analyste.

Livraisons et commandes

Depuis le début de l’année, Bombardier n’a remis que neuf avions CSeries aux transporte­urs Swiss Internatio­nal Air Lines et AirBaltic. Malgré tout, la multinatio­nale s’estime toujours capable de livrer de 30 à 35 appareils d’ici la fin de l’année, ce qui signifie que la cadence de production devra s’accélérer. Entre-temps, le dernier contrat d’envergure de l’avionneur remonte à avril 2016, lorsque Delta Air Lines a commandé 75 appareils CS100.

« La direction de Bombardier continue de faire miroiter les perspectiv­es [d’une commande] pour la CSeries, mais l’échéancier demeure incertain », souligne Peter Sklar, de BMO Marchés des capitaux. L’analyste estime que l’entreprise a livré 51 avions au deuxième trimestre, soit 34 avions d’affaires, 4 CSeries et 13 jets régionaux. M. Sklar s’attendait à ce que cinq avions supplément­aires soient livrés, ce qu’il at-

tribue à la cadence de production de la CSeries.

Cet avion commercial est au coeur d’une nouvelle dispute commercial­e canado-américaine depuis avril, après que Boeing eut décidé de se plaindre auprès du départemen­t du Commerce et de la Commission du commerce internatio­nal des États-Unis. Le géant de Chicago allègue que des subvention­s octroyées à l’avionneur québécois lui avaient permis de vendre ses avions commerciau­x à des prix dérisoires. Le concurrent de Bombardier demande l’imposition d’un droit compensato­ire d’au moins 79,41% ainsi qu’un droit antidumpin­g de 79,82% sur les ventes d’appareils CSeries aux États-Unis.

Il s’agira de la première conférence téléphoniq­ue

trimestrie­lle de Bombardier depuis que Pierre Beaudoin a accepté d’abandonner, à compter du 30 juin, son titre «exécutif» — soit la partie liée à la gestion quotidienn­e — à la tête du conseil d’administra­tion. Le petit-fils de Joseph-Armand Bombardier en avait fait l’annonce en mai, à l’occasion de l’assemblée annuelle de l’entreprise, dans la foulée du tollé provoqué par les conditions de rémunérati­on de la haute direction.

Dans le cadre de son plan de redresseme­nt qui doit culminer en 2020, l’entreprise veut atteindre le seuil de rentabilit­é de la production des avions CSeries, souhaite générer 1,75 milliard en bénéfice avant impôts tout en augmentant ses revenus à 25 milliards. En 2016, Bombardier a affiché une perte nette de 981 millions, tandis que le chiffre d’affaires a reculé à 16,34 milliards.

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RYAN REMIROZ LA PRESSE CANADIENNE Le dernier contrat d’envergure de l’avionneur remonte à avril 2016, lorsque Delta Air Lines a commandé 75 appareils CS100.

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