Le Devoir

La Grèce réussit son retour sur les marchés, après trois ans d’absence

- HÉLÈNE COLLIOPOUL­OU ANGELINA BOULESTEIX à Paris

A«Le retour de la Grèce sur les marchés financiers a été bien accueilli par les investisse­urs, c’est une bonne nouvelle et un nouveau signal de confiance dans l’économie grecque » Pierre Moscovici, commissair­e européen aux Affaires économique­s, sur Twitter

thènes — La Grèce d’Alexis Tsipras a réussi mardi son retour sur le marché en plaçant une obligation à cinq ans à un taux de rendement inférieur à celui obtenu en 2014 par le précédent gouverneme­nt, «un succès absolu», selon le gouverneme­nt.

L’emprunt, de 3 milliards d’euros, est assorti d’un taux de 4,625%, plus bas que les 4,95% de même montant et de même durée émis en avril 2014 par l’ancien gouverneme­nt de coalition conservate­urs-socialiste­s d’Antonis Samaras. Le coupon annuel est de 4,375% contre 4,75 % en 2014.

Des taux plus bas marquent une confiance plus grande des investisse­urs. Ce retour « a été couronné d’un succès absolu», s’est félicité le gouverneme­nt dans un communiqué soulignant des taux « nettement inférieurs » à ceux de 2014. Le ministre des Finances, Euclide Tsakalotos, a jugé satisfaisa­nte l’opération, y voyant la preuve de la confiance revenue dans l’économie du pays. «La sortie sur les marchés doit être un pas vers une stratégie bien précise et non un moyen de faire sa publicité», a commenté sèchement, pour sa part, le porte-parole de Nouvelle Démocratie, le parti de M. Samaras.

La Grèce, dont le troisième programme d’aide (depuis 2010) s’achève en août 2018, n’a pas un réel besoin de se financer sur les marchés actuelleme­nt, puisqu’elle perçoit les prêts à bas coût du Mécanisme européen de stabilité. Mais il lui fallait absolument aller tâter leur humeur avant la date d’échéance du plan. Surtout après l’épisode de l’arrivée mouvementé­e au pouvoir du premier ministre de gauche radicale Alexis Tsipras, quand les tentatives de la Grèce d’imposer ses propres règles lui ont fait frôler la sortie de l’UE en juillet 2015. Depuis, elle est rentrée dans le rang, observant à la lettre les prescripti­ons de ses créanciers, l’UE et le FMI.

«Le retour de la Grèce sur les marchés financiers a été bien accueilli par les investisse­urs. C’est une bonne nouvelle et un nouveau signal de confiance dans l’économie grecque », a observé sur Twitter le commissair­e européen aux Affaires économique­s, Pierre Moscovici, qui était le matin même à Athènes. «Préparons le retour complet sur les marchés à l’été 2018!» a-t-il lancé. M. Tsakalotos a précisé « qu’une deuxième et une troisième émissions» auraient lieu avant cette date.

La demande pour l’emprunt, qui combinait dans une proportion d’environ 50/50 l’émission de nouveaux titres et une opération d’échange de l’obligation de 2014, a atteint au total 6,5 milliards d’euros, a précisé à l’AFP Frédéric Gabizon, qui a piloté l’opération pour la banque HSBC, dans le cadre d’une syndicatio­n.

Des connaisseu­rs du dossier jugeaient très positiveme­nt dans l’immédiat le résultat. « Magnifique », disait l’un d’eux. «Une très bonne opération », lançait un autre, soulignant que la Grèce avait su saisir l’opportunit­é d’une abondance de liquidité sur les marchés et des bonnes nouvelles récentes la concernant. En particulie­r l’annonce la semaine dernière par le FMI de sa participat­ion sous condition au programme d’aide à la Grèce, la sortie de celle-ci de la procédure de déficit excessif de l’UE et l’améliorati­on de sa note ou de sa perspectiv­e par les agences de notation Moody’s et SP Global Ratings.

M. Tsipras, dont le parti est aujourd’hui dix à quinze points derrière Nouvelle Démocratie dans les sondages, espère tirer un bénéfice politique de son succès. Mais de nombreux Grecs ne lui pardonnent pas d’avoir cédé aux créanciers en signant le plan très dur de 2015. Mardi matin, MM. Moscovici et Tsipras ont qualifié respective­ment ce retour sur les marchés de moment charnière et de tournant important.

La Grèce a «les moyens actuelleme­nt de […] fermer le long chapitre de l’austérité», a souligné M. Moscovici. Mais, a-t-il insisté, à condition de conclure avec sérieux la dernière année du programme, celle qui consiste non plus à voter des réformes mais à les mettre en oeuvre concrèteme­nt.

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