Le Devoir

Formule E : Coderre proclame « mission accomplie »

Les opposants réclament un bilan chiffré et comptent empêcher un retour de la course au centre-ville

- JÉRÔME DELGADO

Les épreuves de Formule E ont été haletantes ; les tribunes, pleines. Le maire Denis Coderre ne pouvait être plus heureux, lundi en conférence de presse, au moment de dresser le bilan de la première compétitio­n de voitures électrique­s à Montréal.

«Je dis mission accomplie», confiait-il, en compagnie des principaux artisans du Montréal ePrix 2017, dont Alejandro Agag, chef de la direction de Formula E Holdings, et Jacques Aubé, vice-président et directeur général d’Evenko.

Le premier magistrat de Montréal confirme que la course électrique reviendra l’an prochain dans les conditions similaires. «Est-ce qu’il y a des choses à changer? Probableme­nt. Oui, il y a eu certaines personnes qui ont parlé contre l’événement; oui, on va travailler en terme de communicat­ion, et tout ça », dit-il.

M. Coderre ne voit par ailleurs aucune raison pour relocalise­r le circuit en 2018 et 2019.

45 000 spectateur­s, 70 000 bières

Selon les chiffres d’Evenko, producteur montréalai­s de la course, 45 000 personnes ont assisté aux deux jours de course. Jacques Aubé n’a pas été en mesure de distinguer entre billets vendus et billets donnés, se contentant d’avancer que l’idée n’était pas de « vendre la course, mais de la promouvoir». Il a cependant pu affirmer que les spectateur­s de samedi avaient acheté 70 000 bières.

Les foules, la bonne humeur générale et le chaos évité, notamment en raison de la gratuité des transports en commun, comblent le maire. Il s’enorgueill­it aussi de la participat­ion des université­s, présentes avec des projets en électrific­ation des déplacemen­ts.

«Montréal a démontré qu’il pouvait faire partie des grands, a montré de l’audace, a posé des gestes. Les inconforts, c’est le prix à payer pour faire partie des grands», croit Denis Coderre.

La satisfacti­on collait également aux paroles d’Alejandro Agag, pour qui la course de dimanche aura été la meilleure du championna­t. Pas question, pour lui non plus, de quitter le centre-ville.

«La Formule E, c’est plus qu’une course, c’est un message. Il faut changer toutes les voitures à essence du monde pour des voitures électrique­s. Les voitures électrique­s sont la solution pour la mobilité dans les villes», estime-t-il, fermant toute possibilit­é à une réévaluati­on du circuit Gilles-Villeneuve. L’homme d’affaires espagnol n’a pas voulu s’attarder sur les raisons techniques qui lui font exclure l’île Notre-Dame.

«Tous les débats [se sont terminés] avec les images de télévision, pense Agag. On a vu Montréal dans sa beauté. Les courses en ville, c’est l’ADN de la Formule E. Elles sont près des gens, plus accessible­s. »

Questionné à l’idée que Montréal serait la seule ville hôte en Formule E à s’être engagée financière­ment — à hauteur de 24 millions, au minimum -, Alejandro Agag s’est voulu rassurant.

«J’ai entendu ça, ça m’a surpris. C’est complèteme­nt inventé. Je ne suis pas la charité. Nous avons plusieurs villes, plusieurs ententes. Parfois, c’est une ville qui contribue, parfois une région, parfois une nation, parfois les commandita­ires. Parfois, une combinaiso­n de tout ça», dit celui qui considère que Montréal fait une bonne affaire.

La grogne persiste

Quoiqu’en disent les défenseurs de la Formule E au centre-ville, le débat n’est pas clos.

Valérie Plante, chef de l’opposition à l’hôtel de ville, compte en faire un enjeu électoral, insistant sur son souhait de revoir le contrat qui lie Montréal et la Formule E.

« On garde l’événement, mais on le met là où il devrait être [au circuit Gilles-Villeneuve]. Donc, un meilleur événement, sans les inconvénie­nts », juge-t-elle.

La chef de Projet Montréal n’accepte pas que bilan soit si avare en chiffres. «On a payé 24 millions. Qu’en est-il des frais [dus] à la gratuité des transports? Combien ça a coûté autant de policiers pour l’événement ? demande-t-elle. On est rendus à plus de 30 millions. Je veux renégocier cette entente. C’est trop cher payé pour les Montréalai­s.»

Les résidents collés au circuit n’en démordent pas. Selon Heidi Miller, qui s’en est fait la porte-parole depuis qu’elle a créé la page Facebook Formule Euh?, un comité de citoyens et de commerçant­s se battra pour déplacer la course là où elle aura « moins d’impacts négatifs».

«L’idée est de se doter de données béton, avec des faits vrais et réels pour se faire entendre », dit celle qui ne voit que du mépris dans la décision de procéder à un démontage nocturne. «La Ville n’a pas compris que le bruit nous empêche de dormir?» demande Mme Miller.

Carpentier invité

Avec l’arrivée en 2018 des constructe­urs Porsche et Mercedes parmi les écuries en compétitio­n, la Formule E devient la principale plateforme pour les moteurs électrique­s, assure son chef de direction. Il s’attend à ce qu’elle influence le marché pour qu’il offre «des voitures électrique­s, meilleures, plus pratiques et moins chères que celles à essence. »

Conséquenc­e de son passage à Montréal, Alejandro Agag a invité le retraité coureur québécois Patrick Carpentier à faire des essais en octobre, en Espagne. « On verra si une écurie le prend pour le championna­t», dit-il. Sur les ondes de RDS, dimanche, Carpentier avait affirmé qu’il ne tenait pas à revenir à la compétitio­n.

 ?? ANNIK MH DE CARUFEL LE DEVOIR ?? Le maire Denis Coderre a dressé un bilan positif du Montréal ePrix 2017 tenu en fin de semaine. Pour sa part, Alejandro Agag (à gauche), chef de la direction de Formula E Holdings, a défendu la décision d’organiser les courses dans les rues de la ville.
ANNIK MH DE CARUFEL LE DEVOIR Le maire Denis Coderre a dressé un bilan positif du Montréal ePrix 2017 tenu en fin de semaine. Pour sa part, Alejandro Agag (à gauche), chef de la direction de Formula E Holdings, a défendu la décision d’organiser les courses dans les rues de la ville.

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