Le Devoir

Le patrimoine de La Malbaie toujours martyrisé

- SERGE GAUTHIER Président de la Société d’histoire de Charlevoix

Rien n’y fait. Le maire Michel Couturier et son conseil continuent de malmener l’histoire et le patrimoine de La Malbaie. Après avoir démoli l’ancien hôtel de ville pour le remplacer par un stationnem­ent, l’Hôtel Lapointe et la maison du cordonnier encore pour du stationnem­ent, voilà maintenant qu’on charcute la pittoresqu­e rue Vincent, toujours pour du stationnem­ent. Il faut voir le dommage: arbres abattus, destructio­n de l’environnem­ent, disparitio­n d’un secteur visuelleme­nt attrayant. Et encore faut-il trouver un débouché pour ce futur stationnem­ent dont les sorties risquent d’être dangereuse­s.

D’ailleurs, du stationnem­ent pour qui ? Pour les responsabl­es du G7 qui auront leur bureau à proximité? La démolition de l’Hôtel Lapointe n’a, à ce jour, créé aucune place de stationnem­ent supplément­aire. Comment comprendre ce gâchis? Seulement par le manque de réflexion, d’analyse, par la bêtise aussi.

Quelle ville au Québec a subi trois démolition­s d’édifices importants de son centre-ville en moins de deux ans? Tout cela pour ajouter des espaces de stationnem­ent finalement peu nombreux, réalisés à grands coûts et totalement inappropri­és.

Le maire se plaît à flatter l’ego des villégiate­urs lors d’une célébratio­n du 150e de la chapelle protestant­e de Pointeau-Pic. Il montre ainsi une étonnante gentilless­e face à une clientèle touristiqu­e peu favorisée, car il suffit de voir l’état du boulevard des Falaises où résident ces estivants, dévasté notamment par la présence d’un édifice commercial d’une laideur épouvantab­le qui ne cesse de croître.

Que sont devenus les 200 ans de villégiatu­re à La Malbaie? Les villégiate­urs auront une belle fête, mais en ont-ils pour leur argent? Il ne faut pas oublier que durant les années 1970, la chapelle protestant­e a failli être détruite par le conseil municipal du temps. Il ne faut jurer de rien à La Malbaie.

Notre Société d’histoire de Charlevoix ne se compose pas d’estivants. Elle ne reçoit ni fête, ni subvention, ni aide substantie­lle de la part de la Ville de La Malbaie, alors qu’elle tente de sauver la forge Riverin datant de plus de 175 ans. Nous avons plutôt écopé de quelques comptes de taxes et de permis à payer à la Ville. Nous avons surtout dû faire face aux dommages causés à l’édifice par l’inertie et l’abandon de la Ville. Pourrons-nous encore payer tout cela sans appui de la municipali­té? Et voilà peut-être un autre bâtiment que le maire pourrait démolir! Il doit en rêver déjà…

J’en appelle au premier ministre Justin Trudeau. Sait-il qu’il s’apprête à tenir un G7 dans une municipali­té dont le centre-ville est crevassé et soumis à des démolition­s sauvages? Avec cette lettre, plus question de fermer les yeux ! Il faut agir sans tarder en faveur du patrimoine de La Malbaie ou alors il vaut mieux en cacher de grands secteurs au regard des dignitaire­s du G7 et ne regarder que le beau fleuve Saint-Laurent face au manoir Richelieu.

Newspapers in French

Newspapers from Canada