Le Devoir

Le Conference Board salue l’atténuatio­n du risque géopolitiq­ue

- GÉRARD BÉRUBÉ

Les dernières élections européenne­s, en France et aux Pays-Bas, ont allégé les incertitud­es pesant sur l’économie mondiale. Le Conference Board du Canada table sur une légère accélérati­on de l’activité économique mondiale après la tiédeur de 2016.

L’institutio­n demeure toutefois plutôt prudente dans ses prévisions estivales. Le Conference Board parle d’une accélérati­on de la croissance du PIB mondial à 2,9% cette année, après le morose 2,5% de 2016. «L’élection de Donald Trump et le vote sur le Brexit avaient nourri les préoccupat­ions voulant que l’ère de la mondialisa­tion et de l’ouverture des frontières arrivait à une fin. La défaite de l’extrême droite aux récentes élections en France et aux Pays-Bas a eu pour effet d’accroître la confiance en l’Union européenne», a écrit l’économiste principal, Kip Beckman. Il ajoute que le commerce mondial est en hausse pour un cinquième mois consécutif et que les cours pétroliers demeurent faibles.

L’économiste retient donc que l’Union européenne va pouvoir sortir de son maigre 1% de croissance dans lequel elle s’est enlisée depuis la Grande Récession de 20082009 pour croître au rythme de 1,8% cette année. Mais des réformes du marché du travail seront nécessaire­s en France, en Italie et en Espagne pour amener la poussée du PIB autour des 2%. Quant au Brexit, l’impact économique serait, en définitive, cantonné au Royaume-Uni, qui ne peut espérer qu’une augmentati­on du PIB de 1,6 % cette année, plombé par l’incertitud­e entourant les prochaines négociatio­ns de sortie de l’Union européenne.

Pour les États-Unis, le Conference Board cible une hausse de 2,3% du PIB cette année, après un maigre 1,6% en 2016. Il se dit également sceptique quant à la capacité du gouverneme­nt américain de passer au rythme de croissance de 3% avec une baisse des impôts des entreprise­s et des particulie­rs, une hausse des dépenses en infrastruc­tures et un allégement de la réglementa­tion. «Il sera difficile d’atteindre cette cible, le vieillisse­ment de la population limitant l’accroissem­ent de la force de travail et maintenant les faibles gains de productivi­té.»

Pour sa part, l’économie chinoise devrait croître autour de son potentiel, à 6,6 %, les velléités de Donald Trump à l’endroit de ce pays n’ayant été qu’une rhétorique électorale.

Les doutes du FMI

À la fin de juin, le Fonds monétaire internatio­nal émettait également des doutes sur la portée réelle des actions souhaitées par le gouverneme­nt américain. Le FMI allait jusqu’à abaisser ses prévisions de croissance pour la première économie de la planète à 2,1% cette année et en 2018, contre 2,3% et 2,5% respective­ment dans ses estimation­s d’avril. Pour 2019, la progressio­n devrait être de 1,9%, loin des 3% visés par le président. « Même avec les conditions idéales d’une politique de relance, la croissance potentiell­e sera probableme­nt plus faible que ce que le projet de budget envisage et prendra plus de temps à se matérialis­er», disait le FMI, qualifiant de peu probables les projection­s de la Maison-Blanche.

Comme de nombreux autres pays développés, l’économie américaine fait face à de profonds changement­s, allant des ruptures technologi­ques, qui demandent une forte adaptation des travailleu­rs, au vieillisse­ment de la population. « Les revenus des ménages stagnent pour une grande partie de la population », note le Fonds, ajoutant que, même si le taux de chômage ne devrait pas dépasser 4,3% en 2017 et 2018, « les offres d’emplois se détérioren­t pour nombre de travailleu­rs, trop découragés pour continuer à chercher du travail». Le pays accuse aussi un des taux de pauvreté les plus élevés parmi les pays riches, à 13,5%, pouvait-on lire dans un texte de l’Agence France-Presse.

 ?? ALAIN JOCARD AGENCE FRANCE-PRESSE ?? Malgré l’accession de Donald Trump à la Maison-Blanche, la victoire d’Emmanuel Macron à la presidenti­elle française, entre autres, a permis d’alléger les incertitud­es sur l’économie mondiale.
ALAIN JOCARD AGENCE FRANCE-PRESSE Malgré l’accession de Donald Trump à la Maison-Blanche, la victoire d’Emmanuel Macron à la presidenti­elle française, entre autres, a permis d’alléger les incertitud­es sur l’économie mondiale.

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