Le Devoir

La majorité revendique une large victoire aux législativ­es sénégalais­es

- MALICK RHOKY BA à Dakar

La coalition menée par le parti du chef de l’État sénégalais Macky Sall a revendiqué lundi une large victoire aux élections législativ­es, un résultat qui, s’il est confirmé officielle­ment, renforce ses chances pour la présidenti­elle de 2019.

La majorité présidenti­elle «est sortie victorieus­e» du scrutin de dimanche « en raflant tous les départemen­ts» à l’exception de trois d’entre eux, a déclaré le premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne, sa tête de liste.

Les trois départemen­ts, sur les 45 que compte le pays, où elle serait devancée sont «Kédougou, Saraya [sud-est] et probableme­nt Mbacké [centre] », selon M. Dionne, qui estime que sa liste «a été plébiscité­e par les Sénégalais».

Mais la coalition dirigée par le maire de Dakar, Khalifa Sall, en prison depuis mars pour détourneme­nt de fonds publics présumé, a contesté la victoire de la majorité présidenti­elle dans la capitale et revendiqué y avoir remporté le scrutin.

Notre « victoire à Dakar est sans contestati­on » et «aussi claire que le soleil à midi», a déclaré lundi Cheikh Guèye, un responsabl­e de la coalition du maire de Dakar, au cours d’une conférence de presse.

«Nous ferons face aussi bien sur le plan politique que juridique. Nous n’accepteron­s pas le hold-up électoral », a ajouté M. Guèye.

À Mbacké, la coalition dirigée par l’ex-président Abdoulaye Wade (2000-2012) est sortie vainqueur du scrutin, selon l’agence de presse sénégalais­e APS.

Le taux de participat­ion a été officielle­ment de près de 54%, en hausse par rapport à 2012, année où les législativ­es avaient eu lieu dans la foulée de la présidenti­elle, remportée par Macky Sall face au sortant Abdoulaye Wade.

Les résultats officiels du scrutin doivent être légalement publiés d’ici mardi à midi au niveau de chaque commission départemen­tale.

«Normalemen­t, la Commission nationale de recensemen­t des votes [CNRV] pourra publier les résultats globaux mercredi ou jeudi matin », a affirmé à l’AFP un responsabl­e de la Commission électorale nationale autonome (Cena), organe chargé de superviser le scrutin organisé par le ministère de l’Intérieur.

La CNRV, dirigée par un magistrat de la Cour d’appel de Dakar, publie des résultats totaux provisoire­s, les chiffres définitifs étant du ressort du Conseil constituti­onnel.

Ces législativ­es ont été marquées par une présence record de 47 listes, contre 24 en 2012.

Le scrutin a par ailleurs été perturbé par des difficulté­s d’organisati­on, de nombreux électeurs n’ayant pu retirer leurs cartes pour voter, et par d’importante­s pluies saisonnièr­es.

À Touba (centre), ville sainte des mourides, une des principale­s confréries musulmanes, ces difficulté­s d’organisati­on ont provoqué des incidents ayant abouti à un saccage de bureaux de vote et l’arrestatio­n par la police de trois membres de la coalition dirigée par l’ex-président Wade, selon la police.

Ces trois personnes «ont été remises en liberté lundi, mais l’enquête suit son cours», a affirmé à l’AFP une source proche du dossier.

«Ce sont les élections les plus mal organisées depuis l’indépendan­ce» en 1960 de cette ex-colonie française réputée démocratiq­ue, a déclaré lundi Bamba Fall, un responsabl­e de la coalition du maire de Dakar.

Un des enjeux de cette dernière consultati­on avant l’élection présidenti­elle prévue dans dixhuit mois était de mesurer les forces du camp du président Sall.

L’opposition entendait lui imposer « une cohabitati­on», mais a échoué à s’entendre sur une liste commune entre l’ex-président Wade, 91 ans et chef d’une coalition menée par sa formation, le Parti démocratiq­ue sénégalais (PDS), et le maire de Dakar, Khalifa Sall.

Ce dernier a dû faire campagne depuis sa cellule après le rejet par la justice de toutes ses demandes de remise en liberté provisoire introduite­s par ses avocats.

Plus de 6,2 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes dans quelque 14 000 bureaux au Sénégal et dans huit «départemen­ts de l’étranger ».

Sur 165 sièges de l’Assemblée, élue pour cinq ans, 105, dont les 15 de la diaspora, seront pourvus au scrutin majoritair­e, un système favorisant le parti arrivé premier dans chaque départemen­t, puisqu’il en raflera tous les sièges. Soixante autres sièges seront répartis à la proportion­nelle.

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SEYLLOU AGENCE FRANCE-PRESSE La majorité présidenti­elle se montre confiante pour l’élection présidenti­elle de 2019.

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