Le Devoir

Hydro-Québec demande une hausse de tarifs de 1,1 %

Les clients résidentie­ls feraient les frais de cette nouvelle grille de prix, estime l’Union des consommate­urs

- VALÉRIAN MAZATAUD

Hydro-Québec compte hausser ses tarifs résidentie­ls de 1,1% en 2018. Elle en a fait la demande mardi auprès de la Régie de l’énergie, qui rendra sa décision en mars prochain.

La hausse pour les grands consommate­urs (plus de 5000kW/an) sera également de 1,1%, mais seulement de 0,8% pour la clientèle industriel­le en vertu de la Loi sur la Régie de l’énergie. «Pour une troisième année, on annonce une hausse tarifaire sous l’indice des prix à la consommati­on », s’est félicité David Murray, président d’Hydro-Québec Distributi­on.

Cependant, pour Viviane de Tilly, analyste-économiste pour l’Union des consommate­urs, «si la variation des tarifs reflétait vraiment les coûts, la clientèle résidentie­lle aurait dû avoir droit à une réduction de 0,4 % ».

La Régie de l’énergie examinera le dossier d’Hydro-Québec jusqu’à février 2018. Si les nouveaux tarifs sont acceptés, ils seront effectifs dès avril 2018. «Il y a des dizaines d’organismes qui regardent le budget d’Hydro-Québec. On a déposé des milliers de pages et il y a des milliers de questions qui sont posées à nos équipes, donc il n’y a pas un budget qui est plus scruté que le budget d’Hydro-Québec», estime M. Murray.

« La Régie a toute latitude pour accepter ou refuser [le rapport] et elle a déjà renvoyé Hydro-Québec à ses devoirs», confirme Patrick Gonzalez, professeur agrégé au Départemen­t d’économie de la Faculté des sciences sociales de l’Université Laval.

«On va autoriser à Hydro-Québec des tarifs qui lui permettent de générer assez de revenus pour couvrir ses coûts. »

Payer pour les grands consommate­urs

La société d’État justifie la hausse de ses coûts par la mise en service de nouveaux équipement­s de transport à haute tension, l’augmentati­on des frais liés à la gestion de la végétation et les tarifs plus élevés pour l’achat d’électricit­é lors des pics de consommati­on. La hausse est cependant en partie compensée par les températur­es douces des deux derniers hivers.

Selon la documentat­ion d’Hydro-Québec, la hausse pour les ménages s’échelonner­a de 0,47 $/mois pour un 5 1/2 à 2,95 $/mois pour une grande maison.

La facture d’électricit­é des Québécois reste toujours la moins élevée de l’Amérique du Nord. Elle est deux fois moins élevée qu’à Toronto et quatre fois moins qu’à New York.

Cependant, pour Mme de Tilly, la «mauvaise nouvelle» est que les grands consommate­urs, tels que les réseaux municipaux ou les transports en commun, ne subissent qu’une hausse de 1,1% au lieu de 5,6%. «Les clients résidentie­ls contribuen­t à limiter la hausse des grands clients et ça, ça nous déçoit beaucoup, et on espère que la Régie va s’y opposer.»

Mme de Tilly souligne par ailleurs que les tarifs résidentie­ls ont augmenté de 13,5% depuis dix ans.

En mars 2017, la hausse des tarifs était de 0,7%. «On essaie de faire passer que ça va de soi que les investisse­ments dans le réseau de transport doivent mener à une hausse, mais si j’étais à la place des régisseurs, j’irais poser des questions de ce côté-là, car les investisse­ments sont normalemen­t faits pour réduire les coûts», commente pour sa part M. Gonzalez.

Par ailleurs, la société d’État annonce un troisième projet-pilote pour tester la tarificati­on dynamique à la fin de 2018. «On va se concentrer sur les serres et les centres de ski, ainsi que sur un bassin de population résidentie­l.»

Pour M. Murray, il est important de valider la faisabilit­é du projet avant d’engager des dépenses de 15 à 20 millions pour adapter le système informatiq­ue à ce type de tarificati­on.

La tarificati­on dynamique permet de faire varier le coût de l’électricit­é selon le moment de sa consommati­on, ce qui fait en sorte que l’électricit­é coûte moins cher le jour et la nuit, et plus cher le matin et le soir, lorsque la consommati­on de la province atteint un sommet.

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