Le Devoir

L’espoir d’une entente rapide ravivé

Un analyste de la CIBC estime encouragea­nts les derniers progrès entre le Canada et les États-Unis

- ALEXANDER PANETTA à Washington

Les dernières nouvelles sur le conflit du commerce du bois d’oeuvre sont bien accueillie­s par un analyste, qui estime que plusieurs faits nouveaux ravivent l’espoir d’en arriver bientôt à une entente entre le Canada et les États-Unis.

Cet optimisme renouvelé est celui de Hamir Patel, directeur de la recherche pour les produits du papier et des forêts chez Marchés des capitaux CIBC. L’expert est notamment encouragé par les commentair­es du premier ministre canadien, Justin Trudeau, et de son homologue de la Colombie-Britanniqu­e, John Horgan, de même que par un article de La Presse canadienne sur les entraves à une entente.

«Nous avons été encouragés par les signes de nouveaux progrès », a expliqué M. Patel dans un bulletin d’informatio­n.

L’analyste a notamment évoqué un article dans lequel La Presse canadienne citait l’ambassadeu­r du Canada à Washington. Selon David MacNaughto­n, les gouverneme­nts des deux pays se seraient entendus pour que le Canada puisse obtenir une part d’environ 30% du marché américain du bois d’oeuvre.

Mais il reste à déterminer si les producteur­s canadiens pourraient obtenir la permission de dépasser ce plafond de 30% dans les situations d’urgence où le marché de la constructi­on est particuliè­rement actif et que les producteur­s américains n’arrivent pas à fournir leur part de 70%. Cette question représente­rait actuelleme­nt le principal obstacle à une entente.

«Marché actif»

Selon M. MacNaughto­n, il serait injuste de signer un accord sans cette dispositio­n de «marché actif». À son avis, un tel accord nuirait à l’industrie sur le continent, au profit des producteur­s ailleurs dans le monde. «Nous devons nous assurer que nos usines ne sont pas inactives au Canada pendant que des emplois sont créés en Russie et au Brésil.»

L’ambassadeu­r a indiqué que le Canada attendait une réponse au sujet de cet ensemble de conditions, sur lequel il insiste.

Aux yeux de M. Patel, cet irritant semble gérable. «Nous sommes encouragés par ces articles et nous ne croyons pas qu’une “dispositio­n de marché actif” puisse faire dérailler l’entente, particuliè­rement si le Canada se fait garantir une part de 30% du marché [modestemen­t inférieure à la part de marché de 31,9% du marché américain que le pays détenait en 2016] », a-t-il écrit.

Selon lui, le Canada va vraisembla­blement abandonner son exigence de « marché actif » en retour d’ajustement­s à l’échéancier sur la réduction de la part du marché à 30%.

Les gouverneme­nts canadien et américain ont indiqué qu’ils espéraient pouvoir conclure une entente rapidement afin que l’ombre du bois d’oeuvre ne plane pas sur les négociatio­ns de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), qui doivent commencer dans deux semaines.

Mais l’industrie américaine voit les choses d’un autre oeil.

Puisque la conclusion d’un accord nécessiter­ait que les entreprise­s américaine­s s’engagent à ne pas déposer de plaintes commercial­es contre leurs concurrent­s canadiens, l’industrie détient en fait l’équivalent d’un veto. Et certains observateu­rs jugent qu’il est dans son intérêt de voir la dispute se prolonger.

Certains initiés canadiens ne sont pas optimistes, ayant déjà vu le fruit de négociatio­ns précédente­s être rejeté par les producteur­s américains.

Malgré cette perspectiv­e inquiétant­e, les politicien­s canadiens se font rassurants, comme l’a noté M. Patel dans sa lettre d’informatio­n.

«Ils sont très près d’une entente, mais certaines difficulté­s avec la coalition [du bois d’oeuvre des États-Unis] ont porté le litige à un point critique », a indiqué le premier ministre de la Colombie-Britanniqu­e la semaine dernière, après deux jours de rencontres à Washington.

Entre-temps, le premier ministre Trudeau a affirmé lors d’un entretien avec Global News cette semaine : «Nous avons bon espoir d’être capables d’obtenir une entente. »

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