Le Devoir

L’opposition rejette les résultats provisoire­s

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Nairobi — La coalition du candidat de l’opposition à l’élection présidenti­elle kényane, Raila Odinga, a annoncé mercredi à la presse qu’elle rejetait les résultats provisoire­s diffusés par la Commission électorale et donnant une large avance au chef de l’État sortant, Uhuru Kenyatta.

Un des principaux responsabl­es de la coalition, le sénateur James Orengo, a appelé la population «à rejeter ces résultats illégaux ». L’opposition reproche à la Commission électorale (IEBC) de ne pas lui communique­r les procès-verbaux susceptibl­es de corroborer les résultats transmis électroniq­uement et diffusés sur le site Internet de la Commission.

Quelques minutes plus tard, Raila Odinga lui-même s’est adressé à la presse pour dénoncer à son tour «des résultats fictifs». «Le système a échoué. Nous rejetons les résultats [publiés] jusqu’à présent», a déclaré M. Odinga.

Selon les derniers résultats provisoire­s postés sur le site de la Commission et portant sur près de 11 millions de suffrages exprimés, M. Kenyatta est crédité de 55,27% des voix contre 43,93% pour M. Odinga, qu’il devance de 1,2 million de voix.

M. Odinga a également accusé la Commission électorale d’avoir interdit à ses agents de scanner les procès-verbaux dans certains bureaux de vote.

Un vote calme

De nombreux observateu­rs kenyans et internatio­naux ont fait part de leurs craintes de troubles à l’annonce des résultats de la présidenti­elle, dix ans après les pires violences électorale­s enregistré­es dans cette ex-colonie britanniqu­e depuis son indépendan­ce en 1963.

La campagne, acrimonieu­se, où l’opposition n’a eu de cesse d’accuser le camp présidenti­el de préparer des fraudes, a fait ressurgir le spectre des violences de 2007-2008 qui avaient fait au moins 1100 morts et plus de 600 000 déplacés.

Les opérations de vote se sont toutefois déroulées dans le calme. Dès les premières heures du jour s’étaient formées de longues files d’attente attestant d’une ferveur démocratiq­ue que les accusation­s de fraudes lors des précédente­s élections n’ont pas entamée.

«Plus les résultats seront annoncés tardivemen­t, plus les gens seront nerveux. Les attentes sont très élevées dans les deux camps, qui sont persuadés qu’ils vont gagner, et donc la gestion de ces attentes sera cruciale », estimait Katherine Njoroge, une électrice de 39 ans rencontrée dans une file d’attente du centre de Nairobi.

Hormis une vingtaine de bureaux de vote dans la région du Turkana rendus difficilem­ent accessible­s par d’importante­s précipitat­ions, ainsi que des retards à l’ouverture, le vote s’est déroulé sans encombre dans la plupart des 41 000 bureaux. Deux employés de la Commission électorale ont par ailleurs été interpellé­s pour avoir distribué trop de bulletins de vote.

Et surtout, malgré quelques problèmes localisés liés à l’identifica­tion biométriqu­e des électeurs, le système électroniq­ue a semble-t-il fonctionné normalemen­t, lui qui avait failli lors du scrutin de 2013. La Commission avait alors été contrainte de passer à un système manuel, alimentant les accusation­s de fraude électorale.

«Le système a échoué», a dit le candidat de l’opposition, Raila Odinga

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CARL DE SOUZA AGENCE FRANCE-PRESSE Les Kényans choisissai­ent mardi qui, du président sortant Uhuru Kenyatta ou de l’opposant Raila Odinga, sera leur prochain président.

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