Le Devoir

«Une réponse exceptionn­elle à une situation exceptionn­elle»

Vingt agents d’immigratio­n supplément­aires seront chargés de traiter les cas de demande d’asile au Québec

- MAGDALINE BOUTROS

L’Agence des services frontalier­s du Canada avertit les Haïtiens qui arrivent massivemen­t au Québec depuis quelques semaines que « traverser la frontière illégaleme­nt, ce n’est pas un laissez-passer pour le Canada ».

En point de presse à SaintBerna­rd-de-Lacolle vendredi après-midi, Patrick Lefort, directeur général régional de l’ASFC, a rappelé qu’il existe « des règlements rigoureux en matière d’immigratio­n » au Canada et que ceux-ci seront appliqués.

Des données provenant du gouverneme­nt canadien révèlent d’ailleurs que seulement 50 % des demandes d’asile déposées par des Haïtiens en 2016 ont été acceptées.

Du 1er au 7 août seulement, 1798 personnes ont traversé clandestin­ement la frontière canado-américaine au Québec. La très vaste majorité de ces demandeurs d’asile sont des Haïtiens qui fuient les États-Unis de crainte de se faire expulser par le gouverneme­nt de Donald Trump.

M. Lefort a indiqué que des effectifs supplément­aires provenant des quatre coins du pays seront déployés à Saint-Bernard-de-Lacolle dans les prochains jours afin d’appuyer les douaniers qui sont surchargés. « C’est une réponse exceptionn­elle à une situation exceptionn­elle, at-il expliqué. Normalemen­t, les volumes de migrants qui passent à Saint-Bernard-de-Lacolle au point d’entrée se limitent à une douzaine de cas par jour.»

Or, depuis quelques jours, de 200 à 250 demandeurs d’asile entrent quotidienn­ement au pays, de manière illégale, en passant par le chemin Roxham. Jusqu’à 1200 personnes sont actuelleme­nt en transit au poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle.

La Commission de l’immigratio­n et du statut de réfugié du Canada a pour sa part mentionné qu’elle créera une équipe spéciale d’agents chargée de traiter exclusivem­ent les demandes d’asile déposées au Québec. Vingt agents formeront cette nouvelle équipe de travail, qui devrait entrer en fonction le mois prochain.

La Commission de l’immigratio­n assure que l’ajout de personnel pour traiter spécifique­ment les demandes déposées au Québec ne signifie en aucun cas que ces demandes seront traitées de manière prioritair­e. Le centre des opérations gouverneme­ntales du gouverneme­nt fédéral a également été activé pour faciliter les interactio­ns entre les différents partenaire­s fédéraux.

Campements temporaire­s

Par ailleurs, quelque 110 militaires canadiens, provenant principale­ment du Royal 22e Régiment de la base de Valcartier, se trouvent toujours à SaintBerna­rd-de-Lacolle pour terminer l’installati­on d’un campement temporaire. Vendredi après-midi, l’armée avait érigé 32 tentes modulaires équipées de planchers de bois, de chauffage et d’électricit­é. La capacité d’accueil du campement était alors de 512 personnes, rapporte la lieutenant­e de vaisseau Éliane Trahan, qui se trouve à Saint-Bernard-de-Lacolle.

Patrick Lefort a évoqué l’idée de doubler la capacité d’accueil du camp. L’armée n’a toutefois reçu aucune demande formelle allant en ce sens, souligne la lieutenant­e de vaisseau Trahan.

La Croix-Rouge canadienne, qui assure la gestion du camp depuis jeudi, a installé sur place des toilettes chimiques. Des douches ont été commandées et devraient arriver incessamme­nt, assure le porte-parole Carl Boisvert. Malgré des informatio­ns contradict­oires qui ont circulé en début de journée, la Croix-Rouge maintient qu’aucun cas de gastro-entérite n’a été signalé sur le site. «La tente d’isolement n’est pas utilisée pour l’instant», soutient M. Boisvert, qui confirme toutefois quatre cas de diarrhée.

Une dizaine de bénévoles de la Croix-Rouge sont sur place pour gérer l’attributio­n des lits et la distributi­on de la nourriture. Des trousses de premiers soins, des couverture­s et des produits pour bébés sont offerts aux personnes qui se trouvent sur place. Une clinique mobile avec six infirmière­s prodigue également des soins de base.

Des agents de l’Agence des services frontalier­s encerclent le site pour assurer la sécurité des lieux.

Les demandeurs d’asile ne restent généraleme­nt que deux ou trois jours sur ces sites d’hébergemen­t temporaire. L’Agence parvient à traiter jusqu’à 230 dossiers par jour, souligne M. Lefort. « Les gens sont en transit sur une base très rapide ici», rappelle-til, ajoutant que le personnel additionne­l permettra d’accroître cette capacité de traitement. Il convient toutefois qu’il s’agit de «conditions de confort minimum». Le camp d’accueil dressé par l’armée est installé sur un terrain gazonné situé derrière l’édifice où sont acheminés par autobus les demandeurs d’asile qui sont intercepté­s près du poste frontalier de Lacolle.

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GRAHAM HUGHES LA PRESSE CANADIENNE Des effectifs supplément­aires provenant des quatre coins du pays seront déployés à Saint-Bernard-de-Lacolle dans les prochains jours afin d’appuyer les douaniers qui sont surchargés.

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