Le Devoir

Des tensions dans la région du Rif

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Rabat — La situation est de nouveau tendue dans la ville d’Al-Hoceïma, épicentre d’un mouvement de contestati­on dans la région marocaine du Rif (nord), où les appels à manifester se multiplien­t après la mort d’un manifestan­t mardi des suites de ses blessures.

«La crise du Rif revient à zéro», résumait vendredi le quotidien arabophone Akhbar Al Yaoum, qui fait état de nouveaux heurts entre manifestan­ts et forces de l’ordre, alors que la situation s’était relativeme­nt apaisée ces dernières semaines.

Au coeur des crispation­s, le décès mardi d’Imad Atabi, qui était plongé dans le coma depuis sa blessure à la tête le 20 juillet, lors d’affronteme­nts dans la ville d’Al-Hoceïma.

La nature de sa blessure à la tête n’a jamais été précisée de source officielle, mais les membres du mouvement de contestati­on ont affirmé qu’il avait été touché par une grenade lacr ymogène tirée par les forces de l’ordre.

Qualifié de «martyr» par les membres du «Hirak», nom donné localement au mouvement de contestati­on, et par des associatio­ns de défense des droits de la personne, il est le premier manifestan­t mort à la suite de heurts avec les forces de l’ordre depuis que les protestati­ons ont débuté en octobre dernier.

Les manifestan­ts dénoncent la « marginalis­ation » de leur région.

Ses funéraille­s se sont déroulées mercredi dans une « ambiance électrique», laissant place à un sit-in et à des affronteme­nts entre police et manifestan­ts, a rapporté le site du magazine marocain TelQuel.

Des membres du Hirak ont appelé à une manifestat­ion vendredi soir à Al-Hoceïma, à la mémoire du manifestan­t décédé, alors que de nouvelles arrestatio­ns dans les rangs du mouvement ont été enregistré­es.

«Le Hirak a désormais un martyr, un leader, des détenus, des symboles et un cahier revendicat­if», décrypte vendredi le journal Akhbar Al Yaoum, qui évoque un «sentiment d’injustice » dans cette région.

La tension était descendue d’un cran fin juillet après le retrait des forces de l’ordre du centre d’Al-Hoceïma, puis avec la grâce accordée fin juillet par le roi du Maroc à une quarantain­e de détenus du mouvement, sur plus de 150 personnes incarcérée­s.

Par ailleurs, un juge d’instructio­n a annoncé vendredi la fin de l’enquête sur le leader du mouvement, Nasser Zefzafi, et ses compagnons.

Alors qu’une partie de la presse a affirmé que le procureur du roi a requis la prison à perpétuité ou la peine capitale, un de leurs avocats, Rachid Benali, a démenti à l’AFP ces informatio­ns et affirmé que les actes d’accusation n’ont pas encore été déposés.

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