Le Devoir

« Il le regrettera », dit Trump

Le président reste sourd aux appels à la retenue

- JÉRÔME CARTILLIER à Washington

Donald Trump est resté sourd vendredi aux appels à la retenue sur le dossier nord-coréen, qui suscite une inquiétude internatio­nale grandissan­te, mettant directemen­t en garde Kim Jong-un et soulignant que l’armée américaine était prête à agir si nécessaire.

Devant une surenchère sans précédent entre Washington et Pyongyang, la Chine a enjoint aux deux pays de « faire preuve de prudence» et a exhorté Pyongyang à éviter les «démonstrat­ions de force». L’Allemagne, de son côté, a martelé qu’il n’existait pas de solution militaire à ce conflit.

Mais depuis son golf de Bedminster (New Jersey), où il passe ses vacances, le président américain a persisté dans le registre belliqueux adopté depuis trois jours: «S’il fait quoi que ce soit visant Guam, ou un autre territoire américain, ou un allié des ÉtatsUnis, il le regrettera vraiment et il le regrettera rapidement », a-t-il lancé, évoquant le jeune leader nord-coréen.

Son attitude ne contribue-telle pas à faire monter la tension à un niveau dangereux? «Mes détracteur­s disent cela parce que c’est moi. Si quelqu’un d’autre disait exactement la même chose, ils diraient : “Quelle grande déclaratio­n!” » a-t-il répondu, assurant que des « dizaines de millions d’Américains » étaient heureux qu’un président «parle enfin haut et fort» pour leur pays et ses alliés.

Quelques heures plus tôt, M. Trump — qualifié par Pyongyang d’«odieux fanatique de la guerre nucléaire» — avait souligné sur Twitter que les solutions militaires étaient «complèteme­nt en place » et «prêtes à l’emploi» si la Corée du Nord se comportait imprudemme­nt.

Après plusieurs jours d’escalade verbale, aucun signe d’apaisement n’était perceptibl­e. Or

les prochains exercices militaires conjoints entre Séoul et Washington, durant lesquels les tensions sur la péninsule coréenne tendent à s’aggraver, commencent prochainem­ent, autour du 21 août.

Moscou est « très inquiet »

Cette montée des tensions entre les États-Unis et la Corée du Nord pèse sur les marchés financiers et inquiète de nombreux dirigeants mondiaux.

«Nous appelons toutes les parties à faire preuve de prudence dans leurs mots et leurs actions, et à agir davantage pour apaiser les tensions»,a déclaré Geng Shuang, porteparol­e du ministère chinois des Affaires étrangères.

À Moscou, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, s’est dit «très inquiet» des risques de conflit « très élevés » entre les États-Unis et la Corée du Nord.

«Il est manifestem­ent temps

pour toutes les parties de se concentrer sur les moyens de faire baisser les tensions», a renchéri Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres.

«Je ne vois pas de solution militaire à ce conflit […] Je considère l’escalade verbale comme une mauvaise réponse», a mis en garde vendredi la chancelièr­e allemande, Angela Merkel.

M. Trump a balayé ces propos d’un revers de la main, estimant que Mme Merkel parlait seulement pour son pays. « Peut-être qu’elle parle de l’Allemagne. Elle ne parle certaineme­nt pas des États-Unis, je peux vous le dire.»

L’armée américaine a indiqué vendredi être «prête à combattre » si le président américain en donne l’ordre.

 ?? JIM WATSON AGENCE FRANCE-PRESSE ?? Donald Trump est au coeur d’une surenchère sans précédent entre son pays et la Corée du Nord.
JIM WATSON AGENCE FRANCE-PRESSE Donald Trump est au coeur d’une surenchère sans précédent entre son pays et la Corée du Nord.

Newspapers in French

Newspapers from Canada