Le Devoir

La Caisse de dépôt enregistre un rendement de 5 % au premier semestre

L’actif net du gestionnai­re de régimes de retraite dépasse 286 milliards de dollars

- KARL RETTINO-PARAZELLI

La plus faible performanc­e des marchés boursiers canadiens depuis le début de l’année a limité les gains de la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui a néanmoins pu dégager un rendement de 5% au premier semestre de 2017, légèrement au-dessus de son indice de référence établi à 4,8 %.

Les résultats financiers dévoilés vendredi indiquent que ce rendement de 5% fait passer l’actif net du plus important gestionnai­re de régimes de retraite au Québec à 286,5 milliards de dollars au 30 juin 2017, en hausse de 15,8 milliards par rapport aux 270,7 milliards enregistré­s au 31 décembre 2016.

Le rendement annualisé sur cinq ans atteint désormais 10,6%, un résultat qui surpasse l’indice de référence de 9,3 %.

«Au premier semestre 2017, les marchés boursiers mondiaux ont continué de produire des rendements intéressan­ts, la volatilité est restée faible et les taux d’intérêt sont demeurés au plancher», a affirmé le président et chef de la direction de la Caisse, Michael Sabia.

Les marchés boursiers canadiens ont cependant moins bien fait que l’an dernier, a-t-il fait remarquer, constatant un «contraste très important » entre le rendement du marché canadien et celui des marchés internatio­naux.

Resserreme­nt à venir

Pour les six premiers mois de 2017, le portefeuil­le d’actions a battu l’indice de référence de 5,9% en générant un rendement de 6,7%. Les obligation­s ont dégagé un gain de 2,7%, tandis que les actifs réels, qui incluent les infrastruc­tures et l’immobilier, ont produit un rendement de 3,6 %.

«En ce qui concerne la suite, la principale question est de savoir ce qu’il adviendra des politiques monétaires»,a noté M. Sabia.

Il a souligné que la Caisse suivra attentivem­ent les décisions des banques centrales, pour savoir si le resserreme­nt anticipé se fera à coups d’ajustement­s modestes ou plus substantie­ls. «Selon la direction qui sera prise, il faudra surveiller la réaction des marchés et l’impact sur la croissance économique mondiale », a-t-il précisé.

Parmi les faits saillants du premier semestre, le grand patron de la Caisse a évoqué l’entente conclue avec GE Capital Aviation Services pour créer une plateforme de location et de financemen­t d’avions, le financemen­t accordé à SNCLavalin pour l’acquisitio­n de la britanniqu­e WS Atkins et le lancement d’importants projets de constructi­on pilotés par Ivanhoé Cambridge — une filiale de la Caisse — à Toronto et à Paris.

REM: projet de loi «essentiel»

Michael Sabia a profité du dévoilemen­t des résultats semestriel­s de la Caisse pour rappeler à quel point il compte sur l’adoption rapide du projet de loi 137 pour lancer dès cet automne les travaux du Réseau électrique métropolit­ain.

«Je ne peux pas insister suffisamme­nt sur l’importance du projet de loi 137, a-t-il déclaré lors d’une conférence téléphoniq­ue. Ce n’est pas une option, c’est absolument essentiel. »

Le projet de loi 137, qui encadre notamment le processus d’expropriat­ion lors de la

Les marchés boursiers canadiens ont moins bien fait que l’an dernier, a fait remarquer Michael Sabia

réalisatio­n du projet, n’a pas pu être adopté avant la fin de la dernière session parlementa­ire. Le ministre des Finances, Carlos Leitão, a indiqué que l’échéancier du REM, dont la mise en service est prévue en 2020, ne serait pas perturbé si les parlementa­ires parvenaien­t à adopter le projet de loi d’ici la fin du mois de septembre.

Entre-temps, Michael Sabia se réjouit d’avoir pu finaliser le montage financier du projet de 6,04 milliards, dans lequel Québec et Ottawa investiron­t chacun 1,28 milliard.

Banque de l’infrastruc­ture américaine ?

M. Sabia a par ailleurs dit surveiller de près ce qui se déroule aux États-Unis, où le président Trump compte investir massivemen­t en infrastruc­tures. Il a laissé entendre que la Caisse pourrait vouloir s’impliquer, tout en soulignant que l’agenda législatif américain est encore bien chargé.

«Nous sommes très ouverts à un large éventail de possibilit­és, autant géographiq­uement que par secteurs», a-t-il noté.

Chose certaine, le président et chef de la direction de la Caisse estime que les Américains auraient avantage à créer une banque de l’infrastruc­ture semblable à celle mise sur pied par Ottawa.

«Je pense que ce serait une bonne chose, parce que la Banque de l’infrastruc­ture du Canada est une excellente idée. Rassembler les investisse­ments privés de joueurs comme nous pour financer les infrastruc­tures est tout à fait logique, a-t-il dit. C’est logique pour le Canada et ce le serait aux États-Unis, compte tenu de l’ampleur des défis liés aux infrastruc­tures.»

 ??  ?? Michael Sabia
Michael Sabia

Newspapers in French

Newspapers from Canada