Le Devoir

Le studio mythique d’André Perry ravagé par les flammes

- SIDHARTHA BANERJEE à Morin-Heights

Le fondateur du studio d’enregistre­ment mythique de Morin-Heights, qui a brûlé vendredi matin dans les Laurentide­s, dit qu’il avait fait son deuil il y a bien longtemps de ce lieu qui a vu défiler les plus grands noms de la scène musicale.

En entrevue à La Presse canadienne, André Perry affirme ne pas être surpris que l’édifice ait été la proie des flammes.

Le sergent Daniel Thibaudeau de la Sûreté du Québec a indiqué que des enquêteurs se rendront sur les lieux, puisque les pompiers affirment que le brasier serait de nature suspecte.

Construit en 1974 par André Perry, alors technicien de son et producteur, et deux de ses amis, ce studio était à la fine pointe de la technologi­e. En plus de l’équipement d’enregistre­ment, il offrait des possibilit­és d’hébergemen­t. En 1982, on y retrouvait des services d’enregistre­ment vidéo.

Au fil des ans, Le Studio a attiré des vedettes internatio­nales comme les Rolling Stones, Cat Stevens, David Bowie, Bryan Adams ou Sting. Des artistes québécois comme Robert Charlebois, Jean-Pierre Ferland et Paul Piché ont aussi profité de ces installati­ons.

À l’abandon

M. Perry dit avoir fait son deuil, il y a longtemps.

«Ça ne me surprend pas que quelque chose de semblable arrive puisque l’édifice est à l’abandon depuis des années et des années. Je me réjouis du fait de tous ces grands disques qui ont été enregistré­s là, raconte-t-il depuis sa résidence de Saint-Sauveur, dans les Laurentide­s. Non seulement les grands disques internatio­naux mais aussi les [disques] québécois. »

En plus de vedettes québécoise­s, plusieurs artistes canadiens sont passés par cette résidence avec vue sur le lac. On pense notamment à Corey Hart et au groupe Rush qui y a même enregistré des vidéoclips.

«C’est un lieu dont on devrait se souvenir comme ayant été le premier studio qui a attiré la scène musicale internatio­nale chez nous, à une époque où le Québec voulait s’ouvrir aux autres », mentionne M. Perry.

Il souhaite que les gens se souviennen­t de l’originalit­é de la musique qui a été créée au Studio. Selon André Perry, ce n’est pas les paysages des alentours qui ont fait la renommée de l’endroit, mais bien la qualité des installati­ons.

«On n’était pas associé à un seul son, c’était le premier studio à être capable de faire ça», suggère-t-il rappelant que 250 millions d’albums enregistré­s au Studio ont été vendus à travers le monde.

«Si vous écoutez les 150 albums, vous allez découvrir qu’aucun d’entre eux ne sonne pareil», note M. Perry.

Tentative de sauvetage

La nouvelle de l’incendie a été reçue beaucoup plus difficilem­ent par Richard Baxter, un musicien des Laurentide­s, qui avait lancé une collecte de fonds il y a quelques années pour sauver le site mythique. Il devait d’ailleurs participer à une corvée de ménage sur le site, vendredi.

«Je voulais l’acheter mais c’était trop cher, alors j’ai pensé à faire un partenaria­t avec le propriétai­re », raconte M. Baxter qui dit avoir travaillé sur le projet depuis près de trois ans.

«En 2001, je suis allé là pour la première fois et je suis tombé en amour avec l’endroit, soupire-t-il. Je voulais en faire un studio d’enregistre­ment, un endroit pour faire des spectacles et enregistre­r des vidéos. »

M. Baxter avait même racheté les droits liés au logo original du Studio et dit avoir vendu 1200t-shirts en un an.

« C’est comme quand un grand acteur meurt, tous ses films restent, fait valoir M. Perry. C’est malheureux qu’il n’y ait pas eu de suivi, de continuité, mais les choses dans la vie c’est comme ça des fois, ça s’éteint.»

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