Dérives sans sel à Manhattan
LANDLINE ★★1/2 Comédie de Gillian Robespierre. Avec Jenny Slate, John Turturro, Finn Wittrock, Edie Falco, Jay Duplass. États-Unis, 2017, 93 minutes.
Comédie de moeurs plutôt facile et second long métrage de la réalisatrice américaine Gillian Robespierre après Obvious Child, Landline, lancé à Sundance, s’appuie sur des ressorts éprouvés, entre rires et émotions. Avec l’Italien John Turturro, sous-utilisé en père de famille infidèle, l’action se déroule à Manhattan en 1995, dans la communauté juive italienne. L’ado (Abby Quinn), qui s’initie aux joies sexuelles, découvre que son papa a une aventure. La soeur aînée (Jenny Slate), mise en confidence, tâte de l’infidélité par effet d’entraînement, au grand dam du compagnon officiel, qui n’apprécie guère les écarts de conduite de sa promise. Quant aux parents, ils gagneront, vite fait, en humanité à travers cette crise de couple.
Les dialogues entre les deux soeurs marient charme, velléités de rébellion et candeur involontaire sur une atmosphère propre aux films indépendants new-yorkais, très urbains, parfois vibrants. Nulle prouesse d’interprétation au menu, à part quelques étincelles de Jenny Slate, et une mise en scène banale avec caméra de proximité.
Des références aux classiques de Woody Allen sont multiples: vues frontales sur Manhattan, séances au cinéma, sexe et rock’n’roll, sans le sel des répliques du cinéaste d’Annie Hall ni ses talents de scénariste.
L’esthétique et la technologie des années 1990 se révèlent omniprésentes, histoire d’éclairer une ère prérévolution numérique. Téléphones à fils entortillés, magasins de musique archibondés, murs de vidéocassettes, bars enfumés, banc public pour amours furtives: voici toute la panoplie du vintage récent mise au service d’une dynamique familiale plus convenue que coquine, par-delà deux ou trois sages étreintes sexuelles. De jolies chansons et des bons sentiments arracheront peutêtre une larme aux nostalgiques de cette époque révolue, malgré le dénouement en queue de poisson et une morale d’unité familiale appuyée. Est-ce bien suffisant?