Le Devoir

Politique-fiction, peurs réelles

- JEAN-PHILIPPE PROULX Le Devoir

Les États-Unis ont quitté l’OTAN. Les vannes pétrolière­s de l’Arabie saoudite sont à sec. En réaction aux changement­s climatique­s, la Norvège met alors un frein à sa production de pétrole. L’Europe réplique et force une invasion de la Russie en territoire norvégien alors qu’un commando russe procède à l’enlèvement du premier ministre. Les citoyens devront faire un choix: la collaborat­ion ou la résistance.

Si la prémisse d’Envahis peut fort bien représente­r les alertes nouvelles que vous auriez manquées durant vos vacances, il s’agit plutôt de la nouvelle création originale du maître incontesté du polar norvégien, Jo Nesbø. Nul besoin d’être passionné de politique pour accrocher à l’intrigue: la série traite aussi des petits compromis moraux que les citoyens doivent faire, et de la façon dont le tout se découle à

l’échelle nationale. «En Norvège, tout le monde se dit fils d’un ancien résistant. Or, en 1940, quand l’Allemagne a envahi notre pays, la plupart des gens ont baissé la tête »,

raconte Jo Nesbø à Télérama. Une observatio­n générale de la nature humaine sous pression, et tout particuliè­rement sous la pression du terrorisme.

La Russie s’est grandement offusquée de la série, allant jusqu’à faire craindre qu’elle fournisse de nouveaux arguments dans la guerre de propagande de Poutine contre l’Occident. Fait intéressan­t, le tournage s’est entrepris au moment où la Russie a annexé la Crimée. En jouant sur des peurs bien réelles, on nous offre l’une des grandes séries géopolitiq­ues des dernières années. Envahis ICI Radio-Canada, samedi à23h Cette mort qui fouette la vie LOUISE-MAUDE RIOUX SOUCY Le Devoir I ls sont trois à avoir envisagé la mort dans les yeux dans ce nouveau chapitre de la série Voir autrement pilotée par Claire Lamarche. Un drôle de trio formé du multi-instrument­iste DJ Champion, de l’écrivaine Marie Laberge et de l’ex-infirmière Anne-Marie Séguin, aujourd’hui décédée, et connue des Québécois pour son attitude curieuse et sereine face à la Grande Faucheuse qui s’est invitée chez elle sous la forme d’un cancer incurable.

Rien de forcé dans ce nouveau volet titré simplement Mourir c’est la vie, qui prend le temps d’écouter les confidence­s des uns, de peser les silences des autres et d’accueillir les doutes de chacun. La journalist­e et animatrice d’expérience éclaire leurs témoignage­s des réflexions de divers spécialist­es, qui ajoutent une couche supplément­aire de sens aux précieuses confidence­s.

Ode à l’humilité de la vie, ce documentai­re pèche par excès d’élévation en refusant net la noirceur, la douleur ou la peur. Ce n’est pas une raison pour refuser la lumière et l’espoir qui s’en dégagent à profusion. Pudique mais jamais pudibond, Mourir c’est la vie se révèle en effet particuliè­rement apaisant, sans pour autant être lénifiant. Voir autrement. Mourir c’est la vie Télé-Québec, jeudi à 20 h, En rediffusio­n vendredi à 13 h

Newspapers in French

Newspapers from Canada