Le Devoir

Plus de 40 % des dons faits aux partis fédéraux restent anonymes

- MIA RABSON à Ottawa

Les Canadiens ont donné près de 75 millions de dollars aux cinq partis politiques représenté­s aux Communes depuis les dernières élections générales, mais la loi ne permet pas d’identifier la source de plus de 40% de ces contributi­ons.

La Presse canadienne a analysé les données d’Élections Canada sur les contributi­ons aux partis politiques depuis le scrutin du 20 octobre 2015 jusqu’au 30 juin dernier.

On constate que 42,5 % des 74,8 millions versés aux cinq partis représenté­s aux Communes sont allés aux conservate­urs, comparativ­ement à 38% aux libéraux; les néodémocra­tes ont obtenu environ 12,5% du gâteau, les verts 6,2% et le Bloc québécois 1,4 %.

On constate aussi que 42 ¢ de chaque dollar recueilli par les partis, ou 31,1 millions de dollars, ne peuvent être reliés à un donneur, voire à sa province ou sa ville d’origine, en vertu d’un article de la Loi électorale. Cet article n’oblige les partis qu’à divulguer l’identité de ceux qui leur versent plus de 200 $ une même année.

Or la moitié des contributi­ons politiques faites au Parti vert et au Bloc québécois et 47% de celles versées au Nouveau Parti démocratiq­ue entrent dans cette catégorie, comparativ­ement à 43% chez les conservate­urs et 32% chez les libéraux.

Cette règle ne s’applique cependant pas aux courses à la direction: les partis doivent alors divulguer l’identité des donateurs et leur adresse — jusqu’au code postal —, qu’ils aient versé un dollar ou 1500 $.

Interrogé sur cet écart entre les deux régimes, le porte-parole du Parti libéral du Canada, Braeden Caley, a esquivé la question. Chez les néodémocra­tes, le porte-parole, Guillaume Francoeur, a indiqué que le parti est favorable au statu quo. «Rien n’indique que l’on devrait s’inquiéter de la loi actuelle […] qui permet à des personnes de verser une petite contributi­on» de façon discrète. Environ 70% de toutes les contributi­ons politiques versées au NPD depuis quatre ans ne dépassaien­t pas 200 $.

Le chef adjoint des verts, Daniel Green, s’est dit d’accord pour abaisser le «plafond de l’anonymat », mais ajoute que son parti préférerai­t plutôt que l’on réduise le plafond des contributi­ons en général.

L’analyse plus fine des rapports de financemen­t des partis politiques révèle par ailleurs que les Québécois, qui comptent pour 8% de l’électorat, ne représente­nt que 8% des donateurs de plus de 200$. Christian Bourque, viceprésid­ent de la firme Léger, explique que les Québécois se sentent traditionn­ellement plus éloignés de la politique fédérale.

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