Le Devoir

Bataille pour le recrutemen­t de préposés aux personnes âgées

Le privé critique le « maraudage déloyal » du public

- LIA LÉVESQUE

Des résidences privées pour aînés s’insurgent contre ce qu’elles appellent la concurrenc­e déloyale que leur mène le secteur public pour le recrutemen­t de préposés. La situation se serait aggravée avec l’avènement de nouveaux programmes de formation accélérée et rémunérée dans le secteur public.

Dans la région de ChaudièreA­ppalaches, le secteur public et le secteur privé se battent si vigoureuse­ment pour attirer les préposés que le regroupeme­nt des résidences privées demande l’interventi­on du ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, pour calmer le jeu.

Au cours d’une entrevue à La Presse canadienne, le président du Regroupeme­nt québécois des résidences pour aînés, Yves Desjardins, a rapporté qu’en Beauce, ses membres étaient « écoeurés ». Il parle de «pratiques déloyales, immorales » de la part du réseau public.

À la base, il y a rareté de personnel chez les préposés. De plus, dans les résidences privées, les salaires sont moins élevés, ce qui complique la tâche pour y attirer et y retenir la main-d’oeuvre. Certaines offrent le salaire minimum ou un peu plus à leurs préposés. Dans certaines résidences privées où les préposés sont syndiqués, des syndicats ont réussi à obtenir 15$ l’heure.

Mais dans le secteur public, les salaires sont plus élevés. L’échelle de salaire varie de 17,23$ à 23,04$ pour un préposé aux bénéficiai­res certifié A et de 19,47$ à 21,37$ pour un préposé ou préposé aux bénéficiai­res.

Or le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Chaudière-Appalaches a lancé, la semaine dernière, un programme de formation adaptée de préposé aux bénéficiai­res pour pourvoir des postes, surtout à Lévis, à Bellechass­e, à Lotbinière, à Nouvelle-Beauce, à Montmagny et à L’Islet.

M. Desjardins soutient que le CISSS de Chaudière-Appalaches mène « une campagne de maraudage» pour attirer des préposés « travaillan­t dans les résidences [privées] pour aînés» avec une formation accélérée et payée, ce qu’il ne peut concurrenc­er. Mais au CISSS de ChaudièreA­ppalaches, l’agente d’informatio­n Maryse Rodrigue réplique qu’on ne parle pas des mêmes clientèles et des mêmes types de préposés.

«Ce qu’on leur offre, ce n’est pas un emploi n’importe où; c’est un poste de préposé en CHSLD [centre d’hébergemen­t et de soins de longue durée]. Ce préposé-là ne peut pas se promener dans les hôpitaux, en chirurgie ou dans des cas plus complexes ou différents. Il va être formé uniquement en gériatrie pour travailler dans des CHSLD. Il y a une grosse nuance», a-t-elle affirmé. Mme Rodrigue nie tout maraudage auprès du privé.

«Il n’y a pas de maraudage auprès des résidences. On n’a pas sollicité les employés, loin de là. Les résidences privées, on les considère comme des partenaire­s du réseau. Les personnes âgées ne passent pas toutes par des CHSLD. Plusieurs sont très bien servies dans des résidences [privées] et n’ont pas besoin des services en CHSLD qui [sont pour des personnes qui] ont besoin davantage de soins », a-t-elle souligné.

Elle concède que le CISSS a fait de la publicité pour son projet-pilote, mais pas du maraudage. Ce dernier a aussi transmis une lettre aux directeurs des résidences privées, mais pas directemen­t aux employés de ces résidences, a-t-elle assuré.

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ISTOCK Les résidences privées pour personnes âgées et les centres d’hébergemen­t et de soins de longue durée éprouvent des difficulté­s pour recruter des préposés aux bénéficiai­res.

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