Le Devoir

Nouvelle victoire judiciaire des infirmière­s syndiquées

Les infirmière­s privées doivent être incluses dans les unités de négociatio­n, tranche le Tribunal administra­tif du travail

- SARAH R. CHAMPAGNE

Le syndicat dont font partie la majorité des infirmière­s du Québec a remporté à nouveau une victoire judiciaire. Les infirmière­s qui proviennen­t d’agences privées de placement doivent être incluses dans les unités de négociatio­n de la Fédération interprofe­ssionnelle de la santé du Québec (FIQ).

Le Tribunal administra­tif du travail a reconnu que leur véritable employeur est bel et bien le centre hospitalie­r et non l’agence de placement. Ces agences en question agissent en tant que «sous-traitants» pour les services des ressources humaines, a jugé le tribunal.

Une cause similaire avait déjà été remportée en août 2016.

Cette fois, c’est le Syndicat des profession­nelles en soins de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, affilié à la FIQ, qui s’est adressé au tribunal, afin de demander que des infirmière­s provenant d’agences privées et travaillan­t à l’Hôpital Santa Cabrini soient incluses dans leur unité de négociatio­n.

Le «double standard entre les salariées du réseau de la santé et celles des agences privées ne respecte pas le Code du travail », a dénoncé en conférence de presse Régine Laurent, présidente de la FIQ.

La cellule syndicale de Santa Cabrini a en fait été alertée quand des infirmière­s d’agences privées ont refusé de faire des heures supplément­aires alors que celles embauchées par l’établissem­ent y étaient contrainte­s. «C’est une injustice», a affirmé Mme Laurent.

Elle invite donc le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, à « prendre acte de ce énième jugement » et à exiger des établissem­ents de son réseau de cesser «l’acharnemen­t juridique » et « le recours abusif à la main-d’oeuvre indépendan­te ».

Mme Laurent a également insisté sur les « bienfaits » de la stabilité des équipes de travail, tant pour les patients que pour les collègues. «La charge de travail est très importante, alors imaginez devoir redire les mêmes choses chaque jour» lorsque l’équipe change.

Baisse générale

Certaines infirmière­s préfèrent travailler pour des agences, afin de choisir davantage leurs quarts de travail ou encore pour travailler à temps partiel. L’obligation de dispenser des soins 24 heures par jour, 365 jours par année, elle, ne prend pas de vacances, a rétorqué la présidente de la FIQ.

Les conditions salariales ne sont pas non plus les mêmes pour les infirmière­s d’agences privées. Le recours à celles-ci coûterait 20% plus cher, selon elle, une donnée que le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) n’a pas pu confirmer.

En 2015-2016, la FIQ calcule que le MSSS a dépensé 240 millions pour cette maind’oeuvre indépendan­te dans l’ensemble du réseau et 125 millions pour le personnel infirmier.

En 2015-2016, certains gros centres de santé comme le CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-deMontréal ou le CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal ont dépensé plus de 10 millions en personnel de soins infirmiers et cardio-respiratoi­res, indique l’étude des crédits de ce ministère.

Le MSSS rappelle quant à lui que le taux de recours a diminué de 23,2% entre 2014 et 2016.

«Il était de 1,83% en 20152016 », a indiqué une porte-parole au Devoir. Le taux de recours à la main-d’oeuvre a diminué de 35% entre 2009 et 2014, poursuit-elle, pendant que le nombre total d’infirmière­s travaillan­t dans le réseau public a augmenté.

Une baisse saluée par la FIQ, qui la calcule de 40% entre 2010 et 2015. «Et ce, sans rupture de service», plaide Mme Laurent, qui évoque un argument utilisé pour justifier le recours à ces agences.

[Le] double standard entre les salariées du réseau de la santé travail» et celles des agences privées ne respecte pas le Code du Régine Laurent, présidente de la Fédération interprofe­ssionnelle de la santé du Québec (FIQ)

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