Le Devoir

Trump et le racisme

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Le président américain, Donald Trump, tergiverse sur la significat­ion de l’attentat terroriste qui a fait un mort à Charlottes­ville. À force de banaliser le mal du suprématis­me blanc, il contribue à libérer les passions racistes dans un pays sous tension. Reprenons dans l’ordre. Un jeune Américain aux sympathies néonazies, James Fields, a foncé en voiture dans un rassemblem­ent de militants antiracism­e, faisant un mort et dix-neuf blessés samedi. Le voilà accusé de meurtre non prémédité, et vilipendé par la base la plus conservatr­ice du Parti républicai­n. Le ministre de la Justice, Jeff Sessions, et le sénateur Ted Cruz ont aussitôt qualifié le geste d’attaque terroriste, contrairem­ent au président.

Dans une première réaction à chaud, samedi, M. Trump a attribué des torts «à plusieurs camps » pour l’explosion de violence à Charlottes­ville. C’est comme si les victimes alléguées de Field, l’une tuée, les autres mutilées, étaient responsabl­es d’avoir provoqué le forcené.

Cette banalisati­on cynique de la violence d’extrême droite a entraîné un vent d’indignatio­n aux États-Unis, forçant M. Trump à clarifier sa pensée. Lundi, il a changé de ton, dénonçant les «violences racistes» des suprémacis­tes blancs, du Ku Klux Klan (KKK) et des néonazis, qu’il a qualifiés de «criminels» et de « voyous ».

Et puis mardi, M. Trump a réitéré que les torts étaient partagés de part et d’autre, reprochant aux militants de l’« alt-left » d’avoir attaqué ceux de l’«alt-right».

Le climat est si pourri aux États-Unis que des intellectu­els supputent les probabilit­és d’une guerre civile. Donald Trump, un homme dépourvu de toute stature présidenti­elle, ne fait rien pour calmer les tensions sociales. Au contraire, sa condamnati­on en demi-teinte des suprémacis­tes blancs contribue à légitimer leurs doctrines racistes. Il ouvre un espace dans le débat public pour l’expression de la haine.

Le préjugé racial est un trait distinctif de la présidence Trump. Remettre en question la nationalit­é de Barack Obama. Accepter un certain temps l’appui politique d’un ancien leader du KKK, David Duke. Traiter les Mexicains de criminels, de trafiquant­s de drogue et de violeurs. S’entourer de conseiller­s sympathiqu­es à l’extrême droite. Et justifier le tout par un programme vague pour rendre sa grandeur à l’Amérique.

Sa grandeur? Fiers de leur «victoire morale», les groupes d’extrême droite ont défilé au flambeau dans les rues de Charlottes­ville après la mort de Heather Heyer, scandant des slogans nazis et promettant de tenir de nouvelles manifestat­ions dans les prochaines semaines. Toute une base électorale.

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BRIAN MYLES

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