Un Canadien tué dans l’attentat
Quatre autres Canadiens ont été blessés
Un Canadien a perdu la vie et quatre autres ont été blessés dans l’attentat revendiqué par le groupe État islamique jeudi à Barcelone, a confirmé le premier ministre Justin Trudeau. La victime a plus tard été identifiée comme étant Ian Moore Wilson, de Vancouver.
C’était un homme «toujours prêt pour un débat animé, un bon livre, explorer de nouveaux endroits », a précisé sa famille dans un communiqué. Il était le père d’une policière de Vancouver. La femme du défunt, Valerie Wilson, a quant à elle été admise aux services d’urgence espagnols, est-il indiqué.
Plus tôt dans la journée, des dirigeants espagnols avaient précisé sur Twitter que les victimes du drame venaient de 34 pays différents, dont le Canada, sans pour autant préciser s’il s’agissait de morts ou de blessées.
En fin de journée, le premier ministre canadien a confirmé la nouvelle par voie de communiqué, indiquant avoir appris avec « grande tristesse […] qu’une personne canadienne avait été tuée et que quatre autres avaient été blessées lors du lâche attentat terroriste perpétré [la veille] à Barcelone ». Il a offert ses condoléances aux familles et amis des victimes.
M. Trudeau a invité les Canadiens à «rester inébranlables face à la propagation de la haine et de l’intolérance sous toutes leurs formes», estimant que ces actes violents ne visaient qu’à les diviser.
Jeudi soir, 13 personnes ont perdu la vie et plus d’une centaine d’autres ont été blessées lorsqu’une camionnette a foncé sur la foule qui déambulait sur la Rambla, le coeur touristique de Barcelone.
Une seconde attaque perpétrée huit heures plus tard sur une promenade de la station balnéaire de Cambrils, à 130 kilomètres au sud de Barcelone, a coûté la vie à une femme, portant à 14 le nombre de morts. Un bilan qui pourrait s’alourdir selon les autorités locales, puisque 65 personnes demeuraient hospitalisées au lendemain des attaques, dont 17 reposaient dans un état critique et 28 autres dans un état grave.
L’enquête avance
Au lendemain du double attentat meurtrier, la police espagnole était sur le pied d’alerte. Une chasse à l’homme était toujours en cours au moment d’écrire ces lignes, pour retrouver le conducteur de la camionnette blanche qui a foncé sur les passants à Barcelone.
Cinq suspects munis de fausses vestes explosives qui se trouvaient dans la voiture-bélier à Cambrils ont eux été abattus par la police. Trois d’entre eux ont pu être identifiés: Moussa Oukabir, Saïd Aallaa et Mohamed Hychami, âgés respectivement de 17, 18 et 24 ans. Tous étaient d’origine marocaine, vivaient depuis leur enfance en Espagne et demeuraient à Ripoll, non loin des Pyrénées.
Les autorités ont rapidement établi un lien
entre les deux attaques et ont identifié une cellule terroriste d’une douzaine de personnes potentiellement impliquées. Selon les premiers éléments de l’enquête, le groupe serait ainsi passé à l’acte précipitamment jeudi en Catalogne après l’échec d’un premier plan «de plus grande envergure», a indiqué le porte-parole de la police régionale, Josep Lluís Trapero.
Quatre suspects, trois d’origine marocaine et un Espagnol, ont été arrêtés jeudi et vendredi. Âgés de 21 à 34 ans, ils n’étaient pas connus des services de police pour des faits liés au terrorisme, mais certains possédaient des antécédents judiciaires pour des faits de délinquance commune. Les papiers de l’un d’entre eux, Driss Oukabir — un Français d’origine marocaine —, ont été trouvés dans la camionnette de Barcelone. Ce dernier s’est livré à la police de Ripoll en affirmant que ses papiers d’identité lui ont été volés, possiblement par son frère Moussa Oukabir.
Les autorités soupçonnent quatre autres individus d’avoir trempé dans le double attentat: deux seraient en fuite et deux autres seraient morts dans l’explosion d’une maison mercredi à Alcanar, à 200km au sud de Barcelone. Le groupe tentait apparemment d’y confectionner des engins explosifs, selon la police. Celle-ci a sorti des dizaines de bonbonnes de gaz de la maison, a constaté un photographe de l’AFP.
L’explosion aurait ainsi poussé les terroristes, faute de matériel, à commettre à Barcelone et à Cambrils des attentats dans la précipitation, «qui n’étaient pas de l’ampleur qu’ils envisageaient », croit Josep Lluis Trapero.
Trois véhicules loués par les assaillants ont par ailleurs été récupérés par les forces de l’ordre
et étaient vendredi après-midi en cours d’analyse. Les personnes chargées de la location font aussi l’objet d’une enquête policière.
L’Espagne en deuil
Alors que plusieurs personnes hospitalisées luttaient encore entre la vie et la mort vendredi, les Barcelonais endeuillés et encore sous le choc ont tenté de se réapproprier la Rambla, le lieu du drame, en parsemant de messages, de fleurs et de bougies cette grande avenue menant jusqu’à la mer.
À midi, heure locale, ils étaient des milliers à s’être rassemblés sur la place de Catalogne à Barcelone, non loin de La Rambla, pour observer une minute de silence à la mémoire des victimes et envoyer un message de soutien à leurs proches. Le roi Felipe VI, le premier ministre Mariano Rajoy et le leader du gouvernement catalan, Carles Puigdemont, étaient présents pour la cérémonie.
«No tinc por, no tinc por» — «nous n’avons pas peur», en catalan —, ont ensuite scandé en choeur, d’un ton grave, les Barcelonais.
Une vingtaine de militants d’extrême droite ont tenté de manifester, avant d’être conspués par la foule. Des coups de poing ont fusé, mais sans entamer l’ambiance de recueillement.
À Barcelone depuis jeudi soir, Mariano Rajoy a tenu un discours rassembleur appelant à l’unité du pays, alors que les séparatistes au pouvoir en Catalogne menacent justement de quitter l’Espagne à l’issue d’un référendum d’autodétermination prévu le 1er octobre prochain.