Le Devoir

La loi va s’appliquer partout, prévient Philippe Couillard

- LIA LÉVESQUE

La future loi sur la neutralité religieuse de l’État s’appliquera bel et bien à Montréal et dans toutes les municipali­tés du Québec, n’en déplaise au maire Denis Coderre.

Le premier ministre Philippe Couillard l’a confirmé, vendredi, au cours d’un point de presse à Montréal, après qu’il eut pris la parole devant des participan­ts à la Conférence internatio­nale sur la diversité sexuelle et la pluralité des genres dans la francophon­ie.

Plus tôt cette semaine, le maire de Montréal avait soutenu qu’il n’appartenai­t pas au gouverneme­nt du Québec de déterminer comment les employés de la Ville pourraient ou ne pourraient pas se vêtir. «On n’a pas besoin d’un tuteur pour nous dire comment embaucher nos employés», avait-il lancé.

Le maire Coderre s’était demandé à voix haute si une femme portant le niqab pourrait monter à bord d’un autobus, en vertu des règles prévues dans ce projet de loi, qui prévoit notamment la dispensati­on et la réception de services publics à visage découvert.

«Ce n’est pas un gouverneme­nt quel qu’il soit qui va nous dire comment vont se vêtir nos employés, comment on va rendre nos services», avait dit le maire Coderre.

Vendredi, le premier ministre affirmait le contraire : «Cette loi va s’appliquer sur tout le territoire du Québec. Le concept de la neutralité religieuse de l’État s’applique sur tout le territoire du Québec. Et c’est la prérogativ­e du gouverneme­nt du Québec de le faire.»

M. Couillard s’est tout de même dit ouvert à la discussion, mais pas au point de rogner sur les principes. «On a offert et on offre encore aux municipali­tés d’ouvrir avec nous un espace de discussion pour parler des règles d’applicatio­n. Mais sur les principes, il est clair que ça doit s’appliquer partout au Québec. Je veux être très, très, très clair là-dessus. »

Le premier ministre a rejeté l’argument voulant que ça ne concerne pas le gouverneme­nt du Québec. «Ça me regarde; c’est mon travail, en fait. C’est mon devoir de légiférer à partir de Québec sur le vivre-ensemble et sur cette question de neutralité religieuse. On ne peut pas faire en sorte que la plus grande ville, la métropole du Québec, ne fasse pas partie du même paysage», a-t-il insisté.

« On parle uniquement d’un principe clair et simple de visage découvert pour la prestation et la réception de services publics, pour des raisons de communicat­ion, d’identité et de sécurité. On devrait être capable facilement — à mon avis, c’est loin d’être aussi complexe que les gens le prétendent — de déterminer des critères puis des modalités d’applicatio­n», a conclu le premier ministre Couillard.

« Je demande juste de la cohérence », a plaidé le maire Denis Coderre

«On ne peut pas faire en sorte que la plus grande ville, la métropole du Québec, ne fasse pas partie du même paysage

Philippe Couillard, premier ministre du Québec

Coderre réplique

Plus tard durant la journée, le maire Coderre a à son tour répliqué, avec un exemple concret: si une femme vêtue d’un niqab, accompagné­e de deux enfants, veut prendre l’autobus, l’hiver, par -25 degrés Celsius, que doit faire le chauffeur d’autobus? L’empêcher de monter à bord parce que son visage est caché ? « Je suis devenu une police de la burqa ou du niqab et je vais décider qui rentre dans l’autobus ou pas?» a-t-il illustré.

Le maire a rappelé que la loi électorale permet déjà de voter par la poste, donc sans qu’on voie le visage de l’électeur.

«Je demande juste de la cohérence», a plaidé Denis Coderre, se défendant de vouloir jouer le roitelet de Montréal.

«Mon rôle, c’est de protéger aussi la paix sociale », s’est-il justifié.

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