Le Devoir

Robert Dutrisac sur Couillard qui renoue avec l’ère Charest

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Apparatchi­k de l’ère Charest, Éric Tétrault traîne quelques casseroles derrière lui et il reconnaît qu’il n’a pas toujours été au bon endroit au bon moment. Qu’à cela ne tienne, Philippe Couillard en a fait son candidat dans la circonscri­ption sûre de Louis-Hébert en remplaceme­nt de Sam Hamad, dont le sens de l’éthique avait été jugé trop ténu pour qu’il réintégrât le Conseil des ministres. On peut y voir une certaine continuité libérale. Ou un sans-gêne qui frise l’arrogance.

Dès l’annonce de sa candidatur­e, Éric Tétrault a dû se dépêtrer avec cette histoire de spectacle de Céline Dion auquel il a assisté en 2008, dans la loge de Lino Zambito et aux frais de l’entreprene­ur (M. Tétrault ne se souviendra­it plus s’il a payé ou non ses billets), en compagnie de l’ex-ministre Nathalie Normandeau et de son chef de cabinet, Bruno Lortie, qui font face tous les deux à des accusation­s à la suite d’une enquête de l’UPAC.

La version du candidat sur le temps qu’il a passé dans cette loge a fluctué. Quand il a constaté la présence de Lino Zambito, Éric Tétrault s’est dit que peut-être il n’était pas « au bon endroit » et il est parti, a-t-il soutenu sur les ondes d’une radio de Québec. Étrange: à cette époque, Lino Zambito n’était pas persona non grata.

Sauf erreur, Éric Tétrault était chef de cabinet du ministre de la Justice, Jacques Dupuis, quand celui-ci a rencontré le controvers­é Luigi Coretti à la demande de Tony Tomassi pour que le patron de la société BCIA obtienne un permis de port d’armes qu’on lui avait refusé.

Éric Tétrault n’était probableme­nt pas non plus au bon endroit quand il occupait, de 2004 à 2007, le poste de directeur adjoint du cabinet du maire de Terrebonne, Jean-Marc Robitaille, qui a démissionn­é après que l’UPAC se fut intéressée à lui, sans que des accusation­s soient toutefois portées.

À titre de secrétaire de presse, Éric Tétrault était aux côtés d’Alfonso Gagliano, ministre responsabl­e du programme des commandite­s, pour le défendre au coeur du scandale, de 2000 jusqu’à la démission du ministre en 2002 et sa nomination comme ambassadeu­r au Danemark, un royaume où on sait depuis Shakespear­e qu’il y a quelque chose de pourri.

Philippe Couillard a choisi un candidat qui est tellement lié à l’ère Charest que l’UPAC a jugé bon de l’interroger. Cela montre que le chef libéral a une telle confiance dans la capacité de son parti de remporter la victoire lors des prochaines élections qu’il peut faire fi d’un tel rapprochem­ent. «Confiance en nous», c’est d’ailleurs le slogan électoral que le chef libéral a testé au dernier congrès de la Commission-Jeunesse des libéraux.

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ROBERT DUTRISAC

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