Le Devoir

Au tour de Québec d’inspecter le cinéma Impérial

Le ministère de la Culture a dépêché des inspecteur­s pour vérifier l’état des lieux

- ODILE TREMBLAY

Après la Ville de Montréal, c’était au tour du ministère de la Culture d’envoyer cette semaine ses inspecteur­s au cinéma Impérial pour vérifier l’état des lieux après des coupures d’électricit­é dans le vieux palace. Le ministère de la Culture, qui n’avait guère montré les dents dans ce dossier jusqu’ici — et sans promettre de s’impliquer plus activement — affiche du moins ses inquiétude­s.

«Par la présente, je souhaite m’enquérir de l’état de la situation et être informé des mesures que vous comptez mettre en place afin d’assurer l’entretien du cinéma Impérial», a écrit le ministre Luc Fortin, le 3 août dernier, au propriétai­re du palace, Serge Losique, rappelant que tout propriétai­re de bien patrimonia­l classé doit prendre les mesures nécessaire­s pour sa préservati­on.

Le courant est rétabli, mais pour combien de temps?

La dette du propriétai­re de l’Impérial à Hydro-Québec serait très importante. Si une partie seulement de la facture a été remboursée, l’État craint que ces coupures ne soient récurrente­s. Durant l’hiver, l’état du bâtiment pourrait, le cas échéant, en être altéré. Karl Fillion, porte-parole du ministre, confirme l’envoi de la lettre et le passage des inspecteur­s du ministère dans ce joyau centenaire au sort incertain.

«Tout indique que l’Impérial est en bon état, précise Karl Fillion, mais le ministre a écrit à monsieur Losique pour lui rappeler qu’il faut que ça continue.» Dans les cas de négligence, le ministre possède, en principe, un droit d’expropriat­ion.

Plus probableme­nt, le beau cinéma sera appelé à changer de main. L’éventualit­é d’une vente du palace, afin de permettre à ses créanciers d’éponger une dette hypothécai­re de 4,3 millions, n’inquiète pas le ministère, avant tout préoccupé par le bon état de l’édifice patrimonia­l.

Par ailleurs, on entend dire que des événements comme Cinemania et le Festival du nouveau cinéma pourraient, comme prévu, louer l’Impérial à l’automne, sans se heurter à des portes closes, quel que soit le maître à bord. Il semble que le bâtiment ne soit pas appelé de sitôt à changer de vocation, mais on ignore encore les modalités de ses lendemains.

Au petit bonheur la chance

Le 41e Festival des films du monde, également présidé par Serge Losique, doit s’y dérouler du 24 août au 5 septembre. Il se promet d’étendre sa programmat­ion au Cinéma Dollar dans Notre-Dame-de-Grâce — hors du circuit habituel du festival — et au Cinéma du Parc, mais, dans ces deux derniers cas, encore faut-il que sa direction puisse défrayer les coûts de location des salles.

On comprend mal quelle équipe, bénévole ou pas, l’épaulera, ses collaborat­eurs habituels ayant refusé de participer à l’aventure de cette édition après le fiasco de la précédente.

Les dévoilemen­ts du film d’ouverture, Anna Karenina — The Story of Vronsky, adaptation du roman de Tolstoï par la Russe Karen Shakhnazar­ov, jeudi prochain, et de 19 titres de longs métrages en compétitio­n (aucun québécois jusqu’ici) avaient été coulés à La Presse le 12 août dernier, sans que la programmat­ion, avec un important volet chinois, ne soit encore disponible sur le site du festival.

Le FFM annonçait vendredi la présence d’un film québécois en première mondiale, hors compétitio­n semble-t-il, Les objets dans le rétroviseu­r sont plus près qu’ils ne semblent, oeuvre expériment­ale de Nils Oliveto, tournée à Rawdon et dans la région de Montréal, mais le volet national s’annonce bien mince.

Les billets ne seront en vente en ligne et au cinéma Impérial que le jour de l’ouverture, le 24 août. Des nuages entourent encore la tenue de ce rendez-vous de cinéphiles, non financé par l’État depuis 2014, qui roule au petit bonheur la chance.

Dans les cas de négligence, le ministre possède, en principe, un droit d’expropriat­ion

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PEDRO RUIZ LE DEVOIR Le ministère s’inquiète davantage du bon état de l’édifice patrimonia­l que de sa dette.

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