Le Devoir

Un lot de sensations sur les flots bleus du Lot

Quatre filles, une péniche, six jours à piloter sur la rivière, une semaine de découverte­s et une croisière avec vues

- DIANE PRÉCOURT à bord du Château Mercuès sur le Lot

Si les Européens sont depuis longtemps rompus à ce qu’ils appellent le tourisme fluvial, ce type de voyage reste peu connu des Québécois. Et pourtant. La formule permet de vivre à la fois le calme champêtre et l’effervesce­nce urbaine, selon l’humeur du jour et le trajet choisi. Dans sa maison-bateau. En laissant couler le temps, piano piano. Et basta le gym, car les écluses — manuelles ici — feront très bien le travail! Séjour à bord d’une péniche, à conduire soi-même et sans permis.

Quand l’église médiévale de Laroque-des-Arcs surgit, au réveil, dans le hublot plafonnier de sa cabine. Quand un restaurate­ur, en ouvrant son bistro, nous sert un plateau de cafés sur le ponton où nous avons amarré pour la nuit, bercées par le clapotis de l’eau. Quand, jour de marché, on part faire les courses à vélo pour le repas du soir pris sur la terrasse de la péniche…

Quand, chaque fois qu’on lève les yeux, le panorama impose un château millénaire, un vignoble, un pont arché, un vert paysage, une impression­nante protubéran­ce calcaire léchée par la palette des ocres. Quand la visite d’un vigneron s’ouvre sur un pique-nique de savoureux produits locaux…

Quand, au fil de l’eau, se profile un village médiéval où on ira peut-être manger ou boire un pot. Quand, dans cette chaleur, on arrête le bateau, juste là, le temps d’une baignade… On sait alors que les moments passés dans ces espaces lotois sont uniques.

On l’aura compris, l’Occitanie, dans le sudouest de la France, est un véritable patchwork de richesses: patrimoine, histoire, gastronomi­e, nature, culture, agricultur­e, viticultur­e, ruralité, urbanité. Tout y est. Et la cerise sur le pastis (une pâtisserie locale, rien à voir avec la boisson alcoolisée), ce sont les gens, sur qui le climat du Sud semble imprimer une belle qualité de vie.

«Rouler» à 10km/h

Malgré l’immensité du territoire et la richesse des attraits, la quasi-absence de tourisme de masse — les touristes s’agglutinen­t davantage au sud-est et sur la Côte d’Azur — vient compléter le tableau de charme de la région occitane. La péniche, elle, permet en plus un dépaysemen­t dans le temps, non pas qui s’arrête, ce serait trop bête! mais qui coule de source, lentement. Pas de stress ici, ni à bâbord ni à tribord.

C’est que La Lolote, ainsi baptisée par notre joyeux équipage, «roule» à un maximum de… 10km/h, comme les autres de sa race. Avec quelques heures de navigation par jour, faisons le calcul: on parcourra en une semaine la distance qui ne prendrait que quelques heures en voiture! Quant à la séance «gymnastiqu­e du jour», on solliciter­a l’huile de bras pour traverser les écluses. Ainsi, ceux qui voudront se hâler le teint n’auront pas à bronzer penauds!

La péniche permet un dépaysemen­t dans le temps, non pas qui s’arrête, mais qui coule de source, piano piano. Pas de stress ici, ni à bâbord ni à tribord.

Malgré l’immensité du territoire et la richesse des attraits, la quasi-absence de tourisme de masse vient compléter le tableau de charme de la région d’Occitanie.

À bord!

Larguer les amarres sur le Lot avec «notre» péniche sera un pacte avec l’aventure, où la rivière révèle une mer de découverte­s et de sensations. Les causses, ces plateaux calcaires entaillés par les vallées, les étonnants décors parsemés de montagnes, les verts vignobles, la faune, la flore… Et les gens. Ceux du coin, mais aussi les « autres ».

Car les marins d’eau douce que nous devenons se rencontren­t aux pontons, aux écluses ou lors des escales, et finissent par socialiser, voire à s’entraider pendant le parcours. Ce qui pourra être salutaire pour l’équipage lorsque la péniche menacera de se retrouver dans le décor… Mais foin de fausses manoeuvres de débutantes, c’est le métier qui rentre.

Précisons ici que la navigation de rivière n’a rien à voir avec le pilotage sur un canal. Étant donné ses courants, ses caprices géographiq­ues, ses barrages et la végétation riveraine qui parfois déborde, la rivière exige une maîtrise du bateau un peu sportive par rapport au ploc-ploc tranquille des canaux.

Une fois le bateau ancré à l’un des pontons le long du Lot, l’équipage peut prendre le bord pour une visite, un resto, du magasinage, une balade à vélo, une randonnée pédestre… Le terroir local? Il met quiconque au défi de ne pas succomber à ses plaisirs et petits péchés. Truffe, foie gras, noix, safran, agneau et melon du Quercy, vins de Cahors, fromages régionaux et moult gâteries forment un généreux panier de provisions avec lequel on peut composer des menus et goûters savoureux.

Et pourquoi ne pas coller son itinéraire maritime au calendrier des marchés des villes et villages sur sa «route»? On y gagne non seulement en produits frais, mais aussi en ambiance et en contacts privilégié­s avec les locaux.

Manifestem­ent, cette région réserve son lot de sensations, y compris sur les flots bleus du Lot.

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REMY GABALDA AGENCE FRANCE-PRESSE Naviguer sur le Lot, ici en contrebas de Saint-Cirq-Lapopie, est un pacte avec une belle aventure. Ce mythique village médiéval s’impose à 100 mètres au-dessus de la rivière et ne compte qu’une poignée de résidants qui y vivent à l’année.
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Notre péniche, joyeusemen­t baptisée La Lolote par l’équipage, amarrée à l’un des pontons sur le Lot.

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