Le Devoir

Il y a eu Madrid. Un pays vulnérable face au terrorisme devenu plutôt sécuritair­e.

Le 11 mars 2004, 191 personnes perdaient la vie dans quatre assauts simultanés qui faisaient 2000 blessés. Un traumatism­e toujours à vif.

- FRANÇOIS-XAVIER GOMEZ

Tous les Espagnols ont en tête ce code : 11M. Le 11 mars 2004, dix bombes explosent à quelques minutes d’intervalle, tôt le matin, dans des trains de banlieue à la gare d’Atocha, en plein coeur de Madrid ou à proximité. Le bilan est de 191 morts et près de 1900 blessés: des banlieusar­ds qui se rendaient au travail.

Dix-sept nationalit­és sont représenté­es parmi les décès. Trois autres objets explosifs (des sacs à dos remplis de dynamite) avaient pu être désamorcés. Tout juste deux ans et demi après les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, l’Europe réalisait qu’elle n’était pas immunisée contre la terreur.

La capitale espagnole subissait l’action terroriste la plus meurtrière commise sur le continent depuis 1988, quand un avion de ligne avait explosé au-dessus du village de Lockerbie, en Écosse. Les 270 personnes à bord avaient péri.

Vingt-neuf accusés

Quatre semaines après l’attentat multiple, sept membres présumés du commando poseur de bombes étaient assiégés dans un immeuble de Leganés, en périphérie de Madrid. Tous étaient morts en faisant exploser l’appartemen­t au moment où la police donnait l’assaut.

L’enquête permettra l’arrestatio­n de dizaines de suspects liés à la mouvance djihadiste, accusés d’aide logistique ou encore complices dans la vente d’explosifs.

En octobre 2007, 29 accusés comparaîtr­ont devant l’Audience nationale, compétente pour les affaires de terrorisme.

Vingt seront condamnés, dont l’un à 42 924 années de réclusion, puisqu’en droit espagnol, les condamnati­ons s’additionne­nt, même si la peine maximale est fixée à 40 ans. Malgré une revendicat­ion sur vidéocasse­tte au nom d’alQaïda en Europe, aucun lien ne pourra être fait lors du procès avec une structure organisée supranatio­nale.

Le 11M a durablemen­t marqué l’Espagne. Il a d’abord précipité la chute du gouverneme­nt conservate­ur de José María Aznar. Trois jours après l’attentat, lors d’élections législativ­es où le Partido Popular (PP) partait clairement favori, le Parti socialiste (PSOE) de José Luis Rodriguez Zapatero a obtenu la majorité et forme le nouveau gouverneme­nt.

Les électeurs sanctionna­ient la droite qui, durant presque toute la journée des attentats, avait affirmé sans preuve que l’action portait la signature des Basques d’ETA. Le 11M a aussi eu pour effet d’ouvrir le débat au sein du groupe séparatist­e, démarche qui a abouti en 2011 à l’abandon de la violence armée.

Le premier geste du gouverneme­nt de gauche avait été d’annoncer le retrait des troupes espagnoles engagées dans la coalition militaire en Irak, mandatée par l’ONU et placée sous commandeme­nt des États-Unis.

Le 11M a durablemen­t marqué l’Espagne. Il a d’abord précipité la chute du gouverneme­nt conservate­ur de José María Aznar.

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GABRIEL BOUYS AGENCE FRANCE-PRESSE Le drapeau espagnol était en berne vendredi devant le palace Cibeles à Madrid.

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