Le Devoir

Le parcours du demandeur d’asile

- LISA-MARIE GERVAIS

Des milliers de personnes — principale­ment d’origine haïtienne — sont entrées au Canada par la porte d’à côté, y cherchant une maison plus accueillan­te que les États-Unis de Donald Trump. Aperçu de l’accueil réservé à ces demandeurs d’asile.

Frontière : Les migrants qui arrivent de manière irrégulièr­e par le chemin Roxham près de Lacolle sont intercepté­s par la Gendarmeri­e royale du Canada.

Recevabili­té : La première étape consiste à déterminer la recevabili­té de la demande d’asile en vérifiant l’identité du demandeur, ses antécédent­s judiciaire­s, s’il a un historique migratoire au Canada, etc. Cela se fait normalemen­t en quelques heures, ou du moins à l’intérieur de trois jours ouvrables selon la loi, mais actuelleme­nt, ce délai est de plus de six mois, confirment les autorités fédérales.

Toute personne, même sans avoir déposé son dossier complet de demande d’asile, peut recevoir un chèque provenant du Programme d’aide sociale de dernier recours et a droit à l’aide juridique, en vertu d’un décret qui date de 1996. Mais tant qu’Immigratio­n Canada n’a pas statué sur la recevabili­té d’une demande, la personne n’a pas accès à des soins de santé, à une scolarité gratuite et à un permis de travail. Des exceptions sont cependant en vigueur pour les demandeurs qui arrivent ces jours-ci.

Logement : Après être demeurés quelques jours dans les campements installés par les militaires à Lacolle, les migrants sont transporté­s dans un centre d’hébergemen­t temporaire à Montréal, Bouchervil­le ou Laval, en moyenne pour un mois. Une dizaine d’endroits comptent au total 4000 lits, dont environ 500 places toujours disponible­s.

Orientatio­n : Dès qu’ils ont un toit, ils doivent se présenter aux bureaux du PRAIDA (Programme régional d’accueil et d’intégratio­n des demandeurs d’asile), où 45 travailleu­rs sociaux leur donnent toutes les informatio­ns dont ils ont besoin sur la santé, l’éducation, l’aide sociale et l’emploi.

Santé : Dès que la demande d’asile est déclarée «recevable» et qu’elle peut être officielle­ment déposée, un examen de santé est requis. Il s’agit de déceler les cas de maladies (tuberculos­e, VIH, etc.) qui pourraient avoir une incidence sur la santé publique. À l’heure actuelle, comme l’examen de «recevabili­té» tarde, ces examens n’ont pas encore été faits.

Les demandeurs d’asile des derniers mois sont exceptionn­ellement couverts par la RAMQ, qui a envoyé une note aux pharmacien­s, indiquant qu’elle rembourse les médicament­s des personnes qui se présentent avec une ordonnance valide à leur pharmacie.

École : Sur les 8000 migrants intercepté­s depuis juin, le tiers est des enfants. La majorité a 11 ans et moins et tous auront accès à l’école. «Dans ce cas des demandeurs d’asile, il y a déjà des règles prévues pour le financemen­t. [Les commission­s scolaires de l’île de Montréal] seront en mesure d’offrir des espaces aux enfants qui en feront la demande», a dit le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx. Pour l’instant, seulement quelques dizaines de demandes ont été faites. Normalemen­t, les enfants dont les parents n’ont aucun statut légal n’ont pas droit à la gratuité. Un projet de loi visant à corriger cette situation sera étudié en septembre.

Travail : La délivrance des permis de travail, seulement octroyée une fois la recevabili­té d’une demande d’asile établie, est une compétence fédérale. En raison des longs délais, Justin Trudeau a dit être « en discussion­s » pour octroyer des permis de travail à des personnes qui n’auraient pas encore déposé de demandes d’asile.

Aide sociale: voir texte principal.

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR Des demandeurs d’asile au camp temporaire de Saint-Bernard-de-Lacolle

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