Le Devoir

L’asile n’est accordé qu’aux personnes persécutée­s, dit le député Dubourg

- HÉLÈNE BUZZETTI Correspond­ante parlementa­ire à Ottawa

Au terme de sa mission de deux jours à Miami pour s’adresser à la communauté haïtienne dans la foulée de l’explosion du nombre de demandes d’asile, le député Emmanuel Dubourg, lui-même d’origine haïtienne, a lancé un avertissem­ent. Il leur faudra démontrer aux autorités canadienne­s qu’ils fuient la persécutio­n dans leur pays d’origine, une démonstrat­ion d’autant plus difficile à faire que plusieurs d’entre eux n’ont pas d’abord déposé une demande à leur arrivée aux États-Unis.

«Si ces gens-là ne sont pas persécutés dans leur pays, ce n’est pas la chose à faire, de demander l’asile, a déclaré M. Dubourg à ICI Radio-Canada. Si toutefois ces gens fuient la persécutio­n, pourquoi n’ont-ils pas fait la demande ici, aux États-Unis?»

Plus tard, au cours d’une téléconfér­ence, M. Dubourg a expliqué qu’il voulait, par cette déclaratio­n, «passer le message». «Voici les critères pour lesquels nous, au Canada, on accepte les gens comme demandeurs d’asile. Je tenais à leur dire que, lorsqu’ils vont se présenter devant la Commission de l’immigratio­n et du statut de réfugié, il va falloir qu’ils prouvent qu’ils sont persécutés, que leur vie est en danger, que ce soit par rapport à leur orientatio­n sexuelle, leur race, leur religion, etc. »

En vertu de l’entente sur les tiers pays sûrs, un demandeur d’asile doit déposer sa demande dans le premier pays sûr où il met les pieds. C’est pour cela qu’un demandeur se présentant à un poste-frontière officiel, où il n’est pas encore en territoire canadien, sera refoulé aux États-Unis. Mais si cette personne réussit à mettre le pied au Canada en entrant de manière irrégulièr­e, comme l’ont fait quelque 8000 Haïtiens depuis juin, l’entente ne s’applique plus, les convention­s internatio­nales obligeant le Canada à étudier le dossier de tout demandeur sur son territoire. Le risque, pour les Haïtiens, c’est qu’en cas de refus, ils seront renvoyés non pas aux États-Unis, mais en Haïti, a insisté M. Dubourg. «Les gens quittent un endroit pour l’incertitud­e. […] En définitive, après tous les sacrifices que ces gens-là ont faits, une bonne partie seront obligés de retourner dans leur pays d’origine, en Haïti. »

Au terme de sa mission, M. Dubourg a crié victoire, affirmant que les leaders de la diaspora haïtienne de la Floride l’ont assuré que, « dans leurs stations de radio, dans leurs organismes communauta­ires, ils vont passer ce message-là: “Évitez de vendre toutes vos affaires, évitez de quitter votre emploi et d’aller traverser irrégulièr­ement la frontière canadienne. Il y a d’autres façons de faire.”»

M. Dubourg a soutenu que de la fausse informatio­n était véhiculée à Miami. «J’ai vu de ces messages qui circulent dans la communauté, disant que des “officiels” canadiens sont ici aux États-Unis et donnant le lieu et la date pour inviter les membres de la communauté haïtienne à venir écouter cette personne leur disant comment traverser la frontière et demander asile au Canada.» M. Dubourg ne s’est pas prononcé sur les motivation­s de ces usurpateur­s. Dans les coulisses, on prétend que ces bonimenteu­rs ne semblent pas monnayer leurs «services».

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