Le Devoir

La courtoisie au secours de l’industrie du taxi ?

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Il y a quelques jours, j’ai failli me faire renverser par un taxi. Je traversais sur mon feu prioritair­e de piéton, bien engagé au milieu de la rue, alors que j’étais frôlé par le véhicule qui arrivait en trombe. C’est un grand bond en arrière qui m’a évité une visite à l’urgence. Le taxi s’est arrêté quelques dizaines de mètres plus loin, pas pour s’inquiéter de mon état, mais pour prendre un client.

Faillir renverser un client potentiel pour en servir un autre me semble une stratégie d’affaires peu viable et je crois que l’industrie du taxi se doit d’avoir une sérieuse réflexion à cet égard.

Comme piéton, je ne compte plus les demi-tours soudains aux intersecti­ons; comme automobili­ste, j’ai trop vu d’accélérati­ons par la droite pour prendre un feu orange foncé ; comme cycliste, j’ai maintes fois contourné un débarqueme­nt soudain au milieu d’une piste cyclable et, comme client, j’ai cumulé les déplacemen­ts farfelus, comme mon dernier aller vers l’aéroport durant une tempête de neige sur un pneu de secours, sans essuie-glace, alors que le chauffeur parlait distraitem­ent au téléphone.

En fait, les situations où un taxi a mis ma vie en danger, que je sois piéton, cycliste, automobili­ste ou client, sont si nombreuses que je ne prends plus le taxi.

Évidemment, les taxis n’ont pas le monopole de la mauvaise conduite, et certains chauffeurs sont de vrai gentleman sur quatre roues, mais je parle ici d’une majorité. J’en ai souvent discuté avec vous, les chauffeurs, avant que vous me perdiez comme client. Je sais que vos heures de travail sont trop longues et que la route est votre espace de travail, où se livrent des luttes féroces pour faire une course à 10 $. Mais pendant que vous vilipendez Bixi, les voitures en libre-service, la ligne de bus 747, Uber, le nombre trop élevé de permis de taxi… vous passez à côté d’une introspect­ion nécessaire à votre industrie.

Si l’industrie du taxi, au lieu de lutter avec les livreurs de pizza pour trôner au sommet des irritants sur la route, s’ouvrait à faire du service de taxi un symbole de courtoisie, de fiabilité et de transport sécuritair­e? Je ne suis pas prêt à gager que cela sauvera la totalement la donne, mais je serais volontiers prêt à me rasseoir derrière vous afin que vous me conduisiez à bon port, pas à l’hôpital. Alexandre Campeau-Vallée Montréal, le 25 août 2017

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