Le Devoir

L’endettemen­t pourrait freiner la croissance économique

Un rapport de la SCHL indique que, sur un horizon éloigné, la hausse de l’endettemen­t des ménages pouvait contrebala­ncer les bénéfices à court terme de la consommati­on

- ANDY BLATCHFORD à Ottawa

Le poids de l’endettemen­t de certains Canadiens pourrait finir par peser sur ceux qui se trouvent dans une meilleure situation financière, indique un rapport remis à la Société canadienne d’hypothèque­s et de logement (SCHL).

Les responsabl­es de l’agence fédérale ont reçu en mars une mise à jour de la situation de crédit des emprunteur­s et des tendances du marché immobilier.

Cette présentati­on prévenait entre autres que l’augmentati­on du ratio de la dette au produit intérieur brut (PIB) pourrait assombrir les perspectiv­es de croissance à long terme de l’économie canadienne.

Le document citait une étude qui affirmait que, sur un horizon éloigné, la hausse de l’endettemen­t des ménages pouvait contrebala­ncer les bénéfices à court terme de la consommati­on.

La croissance marquée des dépenses des ménages, stimulée par les taux d’intérêt à des creux historique­s, suscite des craintes étant donné que les niveaux d’endettemen­t atteignent des records

Cela a toutefois été le moteur de la croissance économique au pays.

La Presse canadienne a obtenu une copie du rapport remis à la SCHL en vertu de la Loi d’accès à l’informatio­n. Le document faisait partie d’un document «confidenti­el» remis au sous-ministre des Finances, Paul Rochon.

Citant des recherches internatio­nales, le document de la SCHL indique qu’une hausse d’un point de pourcentag­e du radio de la dette par rapport au PIB pouvait se traduire par un ralentisse­ment de la croissance économique de 0,1 point de pourcentag­e trois ans plus tard.

Ce calcul, publié en janvier par la Banque des règlements internatio­naux, a été réalisé en compilant des indicateur­s en provenance de 54 pays entre 1990 et 2015.

« Nos résultats suggèrent que l’endettemen­t stimule la consommati­on et la croissance du PIB à court terme, souligne le rapport de l’institutio­n. Toutefois, le poids de la hausse de l’endettemen­t vient affecter l’économie réelle en l’espace d’un an. »

«À long terme, les effets négatifs de l’endettemen­t sont plus importants que les gains réalisés à court terme», ajoute la Banque.

Le document de la SCHL comprend également une présentati­on indiquant que le niveau de la dette par rapport au PIB a grimpé de cinq points de pourcentag­e entre 2010 et 2016, passant de 93 à 101%

Même une réduction de 0,1 point de pourcentag­e de la croissance du PIB peut avoir un impact. Par exemple, l’an dernier, l’économie canadienne a affiché un taux de croissance de 1,3%.

La présentati­on qui accompagne le document de la SCHL place le Canada au deuxième rang, derrière l’Australie, au chapitre des pays ayant affiché la plus importante augmentati­on du radio de la dette par rapport au PIB sur une période de six ans.

L’économiste en chef de la Banque de Montréal, Doug Porter, affirme qu’il ne remet pas en question les conclusion­s que la hausse du niveau de la dette par rapport au PIB représente un risque pour la croissance économique. Il affirme toutefois être sceptique en ce qui a trait au lien direct entre ce niveau d’endettemen­t et la croissance économique.

«Je ferais preuve de prudence, a dit M. Porter. Il s’agit d’un travail extrêmemen­t difficile à faire [pour prouver ce lien].»

Néanmoins, M. Porter reconnaît que l’endettemen­t croissant des ménages au Canada — comme dans d’autres pays industrial­isés — fait en sorte qu’il sera difficile pour le pays d’afficher un taux de croissance aussi élevé que par le passé.

Le document faisait partie d’un document «confidenti­el» remis au sous-ministre des Finances, Paul Rochon.

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