De saison des festivals en saison des festivals
Où sont donc passées les premières médiatiques ? Réfugiées dans les programmations.
Cela s’appelle le Mile Ex End Musique Montréal. « Deux jours de concerts sous le viaduc Van Horne les samedi 2 et dimanche 3 septembre à partir de midi», peut-on lire sur la page d’accueil de l’événement. Un nouveau festival. Un autre festival. Qui s’ébroue durant la fin de semaine de la fête du Travail. En même temps que le très important Festival de musique émergente (du 31 août au 3 septembre), qui rallie du bien beau monde en Abitibi. Dix petits jours avant le festival Pop Montréal et ses 450 artistes présentés en toutes sortes de lieux (dont le Mile End et ses alentours, faut-il rappeler).
Si l’on ajoute le Festival international de la chanson de Granby, qui se termine ce samedi 26 août, ça fait beaucoup. Ça fait pour ainsi dire une nouvelle saison des festivals, voire la continuation de l’été des festivals, démarré en fin de… printemps. Et pour peu que l’on inclue dans la sarabande le vétéran Coup de coeur francophone, début novembre, et Montréal en lumière, fin février, on n’est pas loin de l’année festivalière ininterrompue.
Le Mile Ex End Musique Montréal surgit-il comme un point de bascule, le symbole d’une appropriation de la scène musicale par tous ces événements, aux dépens de l’habituelle rentrée des spectacles, traditionnellement le temps des lancements-spectacles et des premières montréalaises ? «Et pourquoi pas un autre événement puisqu’il est différent des autres?» courielle au Devoir l’organisateur Claude Larivée, de la Compagnie Larivée Cabot Champagne. «Mile Ex End a une direction artistique propre, est présenté dans un quartier de Montréal qui n’a jamais accueilli ce genre d’événement en plein air, et s’adresse à une clientèle locale. »
On le constate, la programmation du premier Mile Ex End (de Patrick Watson à Godspeed You! Black Emperor, de Charlotte
Cardin à Basia Bulat), est très ciblée Mile End. Ça correspond, explique Larivée, «à cette idée qu’on se fait de Montréal et du Mile End comme pépinière de talents, [ce] son métissé inspiré du folk et chargé d’influences diverses qui fait la vitalité de ce quartier et des quartiers environnants».
Tout ça est vrai. N’empêche que ces îlots de musique, ces programmations tentaculaires intègrent de plus en plus, rentabilité oblige, des avant-premières et premières de nouveaux spectacles. Le fait est qu’on les cherche, dans les mois à venir, les vrais de vrais spectacles neufs présentés séparément. On en trouve, mais pas légion, et fort épars: Half Moon Run fin septembre à la Maison symphonique, un Vincent Vallières, les Dear Criminals «en expérience 3D» et Philippe B en octobre, Kevin Parent et Fred Pellerin en novembre, Pierre Lapointe à la mi-décembre. Les
nouveaux spectacles des Dead Obies et BEYRIES sont à Pop Montréal, Philippe B est en avant-première au FME, Keith Kouna, Canailles et Les soeurs Boulay font leur rentrée à Coup de coeur. Entre autres. Ça ne touche pas du tout la queue-leu-leu des visites grandes et petites de vedettes venues des États-Unis et d’ailleurs. Evenko et d’autres promoteurs ont les calendriers bien remplis (voir encadré). Ça oblige cependant le spectateur pas trop festivalier à trouver son bonheur, de plus en plus, dans les petits lieux où les chanteuses, chanteurs et groupes osent encore se produire. Rendez-vous au Divan Orange, à la Sala Rossa, au Verre Bouteille: c’est là que, presque tous les soirs, il y aura quelqu’un à entendre et à voir.