Le Devoir

Le trio enseignant-élève-parent dans l’éducation

- MARIE-HÉLÈNE ALARIE

Autrefois bien déterminée, la répartitio­n des rôles des enseignant­s, des parents et des élèves est aujourd’hui bouleversé­e. Même si des tensions existent au sein de ces trois groupes, il serait malheureux de ne pas miser sur ce trio gagnant.

Si les enfants ressentent une certaine nervosité à quelques jours de la rentrée, il en va de même pour certains parents qui n’avaient pas remis les pieds dans une école primaire depuis leur enfance. De plus en plus, on voit l’implicatio­n des parents comme un grand avantage à la réussite scolaire. Mais comme les tout-petits, ils doivent eux aussi apprivoise­r l’environnem­ent de l’école et le nouveau rôle qui leur est imparti entre l’enseignant et leur enfant.

«L’éducation de l’enfant, son développem­ent physique, affectif, cognitif et social ne saurait être segmenté: il s’agit d’un tout. Comment alors établir des cloisons étanches entre la famille, l’école et la société tout en tenant compte des spécificit­és de chacune de ces instances? Toute entreprise de ce genre est vouée a l’échec », affirme Gérald Boutin, professeur associé au Départemen­t d’éducation de l’UQAM. Pourtant encore aujourd’hui, deux conception­s s’affrontent; une première très attachée à l’école traditionn­elle et une autre en mutation. «Ces pensées ont un impact sur la relation enseignant-élève ainsi que sur celle du parent et de l’école », ajoute-t-il.

Toutefois, Gérald Boutin déplore que l’école devienne de plus en plus « marchande et compétitiv­e, des facteurs qui marquent la relation parent-enseignant et, par ricochet, l’élève. Ce sont des limites énormes. » Sans vouloir revenir à l’école d’autrefois, Gérald Boutin souhaitera­it une école critique de ce qui se passe actuelleme­nt et non pas « uniquement axée sur les résultats. Ça nous empêche de tenir compte du processus d’apprentiss­age ».

Par ailleurs, on assiste aujourd’hui à une tendance importante où la collaborat­ion est primordial­e et doit s’établir dès la première année d’école afin d’envoyer des signaux positifs aux parents. Si certains parents souhaitent une école parfaite, à l’autre bout du spectre il en existe d’autres qui ont abdiqué. Mais au centre, on trouve «des parents qui sont de plus en plus éveillés à ce qui se passe. Pour eux, l’image de l’école évolue. Il est important d’encourager cette attitude et les accompagne­r dans cette démarche », déclare le professeur, qui ajoute que « dans le programme de formation des enseignant­s, on n’aborde que très peu les moyens d’établir ce lien parent-enseignant ».

L’enjeu de la communicat­ion

«De plus en plus, les parents souhaitent communique­r avec l’école, mais encore faut-il que ces canaux de communicat­ion existent », regrette Gérald Boutin. De plus, très souvent la communicat­ion parentense­ignant doit nécessaire­ment passer par l’enfant, qui devient alors le messager. Ce rôle pourrait être enrichi afin d’amener l’élève à construire des passerelle­s entre son milieu familial et ses apprentiss­ages scolaires, à construire sa réussite scolaire… La communicat­ion ne peut consister qu’en une convocatio­n à une rencontre de parents: « La remise des bulletins est très stressante pour les parents. Il faudrait qu’ils puissent se rendre à l’école non pas seulement pour entendre ce qu’on va leur dire sur leur enfant. Il faudrait développer un autre discours, et c’est ce qu’on commence à faire», raconte le professeur.

Autant que les parents, les enfants ont eux aussi besoin de soutien. «Pour y arriver, il faut prendre le temps de les écouter et bien leur faire savoir ce qu’on attend d’eux; pas trop, mais pas peu non plus.» On doit être en mesure de remettre l’enfant au centre de notre fameux trio, l’aider à se développer, faire en sorte qu’il devienne une personne responsabl­e qui va plus tard trouver du travail et non pas l’inverse en le formant pour qu’il puisse entrer sur le marché du travail pour, seulement plus tard, évoluer en tant que personne. Gérald Boutin précise: «L’enfant doit être au centre du projet éducatif pour montrer l’intérêt que nous lui portons et non pas pour l’accabler de ce qu’il n’est pas en mesure d’accomplir.»

En terminant, Gérald Boutin suggère ceci aux parents lors de leur première journée: «Il faut d’abord démystifie­r l’école et ensuite se rendre compte que notre enfant nous observe; alors, si comme parent nous stressons, notre enfant nous imitera. Il faut aussi profiter de cette première rencontre pour établir le contact avec l’enseignant… C’est un apprivoise­ment mutuel. »

«De plus en plus, les parents souhaitent communique­r existent» avec l’école, mais encore faut-il que ces canaux de communicat­ion Gérald Boutin, professeur associé au Départemen­t d’éducation de l’UQAM

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Gérald Boutin

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