Le trio enseignant-élève-parent dans l’éducation
Autrefois bien déterminée, la répartition des rôles des enseignants, des parents et des élèves est aujourd’hui bouleversée. Même si des tensions existent au sein de ces trois groupes, il serait malheureux de ne pas miser sur ce trio gagnant.
Si les enfants ressentent une certaine nervosité à quelques jours de la rentrée, il en va de même pour certains parents qui n’avaient pas remis les pieds dans une école primaire depuis leur enfance. De plus en plus, on voit l’implication des parents comme un grand avantage à la réussite scolaire. Mais comme les tout-petits, ils doivent eux aussi apprivoiser l’environnement de l’école et le nouveau rôle qui leur est imparti entre l’enseignant et leur enfant.
«L’éducation de l’enfant, son développement physique, affectif, cognitif et social ne saurait être segmenté: il s’agit d’un tout. Comment alors établir des cloisons étanches entre la famille, l’école et la société tout en tenant compte des spécificités de chacune de ces instances? Toute entreprise de ce genre est vouée a l’échec », affirme Gérald Boutin, professeur associé au Département d’éducation de l’UQAM. Pourtant encore aujourd’hui, deux conceptions s’affrontent; une première très attachée à l’école traditionnelle et une autre en mutation. «Ces pensées ont un impact sur la relation enseignant-élève ainsi que sur celle du parent et de l’école », ajoute-t-il.
Toutefois, Gérald Boutin déplore que l’école devienne de plus en plus « marchande et compétitive, des facteurs qui marquent la relation parent-enseignant et, par ricochet, l’élève. Ce sont des limites énormes. » Sans vouloir revenir à l’école d’autrefois, Gérald Boutin souhaiterait une école critique de ce qui se passe actuellement et non pas « uniquement axée sur les résultats. Ça nous empêche de tenir compte du processus d’apprentissage ».
Par ailleurs, on assiste aujourd’hui à une tendance importante où la collaboration est primordiale et doit s’établir dès la première année d’école afin d’envoyer des signaux positifs aux parents. Si certains parents souhaitent une école parfaite, à l’autre bout du spectre il en existe d’autres qui ont abdiqué. Mais au centre, on trouve «des parents qui sont de plus en plus éveillés à ce qui se passe. Pour eux, l’image de l’école évolue. Il est important d’encourager cette attitude et les accompagner dans cette démarche », déclare le professeur, qui ajoute que « dans le programme de formation des enseignants, on n’aborde que très peu les moyens d’établir ce lien parent-enseignant ».
L’enjeu de la communication
«De plus en plus, les parents souhaitent communiquer avec l’école, mais encore faut-il que ces canaux de communication existent », regrette Gérald Boutin. De plus, très souvent la communication parentenseignant doit nécessairement passer par l’enfant, qui devient alors le messager. Ce rôle pourrait être enrichi afin d’amener l’élève à construire des passerelles entre son milieu familial et ses apprentissages scolaires, à construire sa réussite scolaire… La communication ne peut consister qu’en une convocation à une rencontre de parents: « La remise des bulletins est très stressante pour les parents. Il faudrait qu’ils puissent se rendre à l’école non pas seulement pour entendre ce qu’on va leur dire sur leur enfant. Il faudrait développer un autre discours, et c’est ce qu’on commence à faire», raconte le professeur.
Autant que les parents, les enfants ont eux aussi besoin de soutien. «Pour y arriver, il faut prendre le temps de les écouter et bien leur faire savoir ce qu’on attend d’eux; pas trop, mais pas peu non plus.» On doit être en mesure de remettre l’enfant au centre de notre fameux trio, l’aider à se développer, faire en sorte qu’il devienne une personne responsable qui va plus tard trouver du travail et non pas l’inverse en le formant pour qu’il puisse entrer sur le marché du travail pour, seulement plus tard, évoluer en tant que personne. Gérald Boutin précise: «L’enfant doit être au centre du projet éducatif pour montrer l’intérêt que nous lui portons et non pas pour l’accabler de ce qu’il n’est pas en mesure d’accomplir.»
En terminant, Gérald Boutin suggère ceci aux parents lors de leur première journée: «Il faut d’abord démystifier l’école et ensuite se rendre compte que notre enfant nous observe; alors, si comme parent nous stressons, notre enfant nous imitera. Il faut aussi profiter de cette première rencontre pour établir le contact avec l’enseignant… C’est un apprivoisement mutuel. »
«De plus en plus, les parents souhaitent communiquer existent» avec l’école, mais encore faut-il que ces canaux de communication Gérald Boutin, professeur associé au Département d’éducation de l’UQAM