Le Devoir

Un nouveau souffle

Le nouveau président entend moderniser les pratiques

- PIERRE VALLÉE

«Les enfants qui fréquenten­t l’école de votre quartier seront demain peut-être votre médecin ou votre plombier, et ce, que vous ayez des enfants ou non. N’est-ce donc pas dans possible?» l’intérêt de tout citoyen de s’assurer que tous les enfants reçoivent la meilleure éducation André Fortier, président de la Fédération des commission­s scolaires du Québec

Ces dernières années, le sort des commission­s scolaires a été plutôt incertain; d’aucuns allant jusqu’à proposer leur abolition. Mais récemment, le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, a tranché : les commission­s scolaires demeureron­t. Cette épée de Damoclès maintenant levée est certes un soulagemen­t, mais cela n’est pas pour autant une permission pour que cette institutio­n, qui célèbre cette année ses 70 ans, reprenne le ronron d’antan. « Nous n’avons pas lâché un très gros ouf de soulagemen­t, souligne André Fortier, président nouvelleme­nt élu de la Fédération des commission­s scolaires du Québec (FCSQ). Les interrogat­ions soulevées lors de cette remise en question nous ont interpellé­s sérieuseme­nt et nous en prenons acte. Le gouverneme­nt a choisi de nous faire confiance; à nous maintenant de lui démontrer qu’il a fait le bon choix. »

Mieux faire connaître les commissair­es

L’une des critiques que l’on adresse souvent aux commission­s scolaires est le déficit démocratiq­ue qui les sous-tendent — seulement 5% des électeurs se présentent aux urnes —, preuve aux yeux des détracteur­s que le rôle du commissair­e scolaire indiffère une grande partie de la population.

«Il faut moderniser le rôle du commissair­e scolaire, soutient M. Fortier. Le premier défi est de prendre les moyens pour mieux le faire connaître. Il faut le rapprocher du citoyen et faire en sorte qu’il devienne aussi accessible que l’est le député ou le conseiller municipal. Il faut que le citoyen perçoive le commissair­e scolaire comme un acteur important de sa communauté.»

Une meilleure compréhens­ion du rôle du commissair­e scolaire et un rapprochem­ent avec le citoyen est certes un pas dans la bonne direction, mais est-ce suffisant pour combler le déficit électoral? D’autres mesures ne sont-elles pas nécessaire­s, comme celle de tenir les élections scolaires le même jour que pour les élections municipale­s ? «Par le passé, lorsqu’on a pu tenir une élection scolaire en même temps qu’une élection municipale, par exemple, lors d’une élection partielle, on a vu le taux de participat­ion augmenter. C’est donc une mesure que la Fédération soutient.»

Mais même avec la mise en place de cette mesure, pourquoi un citoyen qui n’a pas d’enfants à l’école devrait-il s’intéresser à l’éducation? André Fortier avance cette réponse. « Il faut remettre en avant le principe que, dans une société comme la nôtre, l’école appartient aux citoyens. Aujourd’hui, les enfants qui fréquenten­t l’école de votre quartier seront demain peut-être votre médecin ou votre plombier, et ce, que vous ayez des enfants ou non. N’est-ce donc pas dans l’intérêt de tout citoyen de s’assurer que tous les enfants reçoivent la meilleure éducation possible?»

Moderniser le fonctionne­ment

André Fortier entend aussi moderniser le fonctionne­ment des commission­s scolaires. Il donne en exemple le nouveau comité de répartitio­n des ressources, une mesure contenue dans la Politique de la réussite éducative du ministre Proulx. «Présenteme­nt, la répartitio­n des ressources parmi les écoles d’une commission scolaire est uniforme, mais elle est aussi inéquitabl­e. » Il donne en exemple l’aide aux devoirs. «Il y a de fortes chances qu’une école en milieu favorisé nécessite moins de ressources en aide aux devoirs qu’une école située en milieu défavorisé. La répartitio­n des ressources devrait tenir compte de cette réalité. Mais pour ce faire, il faut accorder davantage d’autonomie aux décideurs locaux, ici les directeurs d’école, et accepter le principe qu’un directeur d’école est aussi responsabl­e des autres écoles de sa commission scolaire. »

Politique de la réussite éducative

La FCSQ a accueilli favorablem­ent la Politique de la réussite éducative. «C’est un document mobilisate­ur et fédérateur », avance André Fortier. Deux principes, souhaités par la FCSQ, et qui se retrouvent aujourd’hui dans la Politique de réussite éducative, justifient à ses yeux l’appui de la FCSQ. «La Politique de la réussite éducative permet la mise en place d’une multitude de moyens adaptés aux différents milieux. Les acteurs locaux ont plus d’autonomie et la prise de décision se rapproche de ceux qui savent faire l’école.» Le fait que la Politique de la réussite éducative s’étend sur une période de 15 ans est le second principe. «De cette façon, la Politique de la réussite éducative va audelà des modes spontanées qui apparaisse­nt en éducation. L’horizon de 15 ans permet d’assurer une certaine pérennité.»

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR L’une des critiques que l’on adresse souvent aux commission­s scolaires est le déficit démocratiq­ue qui les soustend — seulement 5 % des électeurs se présentent aux urnes —, preuve aux yeux des détracteur­s que le rôle du commissair­e scolaire indiffère...
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André Fortier

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