Le Devoir

› Décès de Mireille Darc. L’actrice française et réalisatri­ce engagée s’est éteinte chez elle, entourée de ses proches, dont Alain Delon.

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Paris — Un carré blond, une spectacula­ire robe noire, des films populaires, puis un retour réussi à la télévision. Mireille Darc, actrice française emblématiq­ue des années 1960 et 1970, réalisatri­ce, est décédée dans la nuit de dimanche à lundi à Paris, à 79 ans, avec son ami Alain Delon à son chevet.

«Mireille Darc est partie cette nuit, chez elle à Paris. Elle a été très entourée jusqu’au bout par ses proches, dont son époux [l’architecte Pascal Desprez] et aussi Alain Delon, présent jusqu’à la fin», a indiqué son agent.

Elle avait formé avec l’acteur un couple très en vue pendant une quinzaine d’années, après leur rencontre sur le tournage de Jeff (1968). Les deux comédiens s’étaient retrouvés sur les planches en 2007 pour jouer Sur la route de Madison au théâtre Marigny.

Mireille Darc, surnommée «la grande sauterelle» après la sortie du film du même nom en 1967, avait tourné dans une cinquantai­ne de longs métrages pour le cinéma, dont près d’une quinzaine avec Georges Lautner.

Silhouette élancée, casque blond platine coupé au carré, la jeune comédienne conquiert rapidement le grand public, avec son allure de vamp garçonne désinvolte et au grand coeur.

Née le 15 mai 1938, Mireille Aigroz — qui a choisi son pseudonyme en référence à Jeanne d’Arc — affiche une ambition à toute épreuve lorsqu’elle débarque de Toulon à Paris de Toulon, en 1959, avec pour bagage un diplôme d’art dramatique du Conservato­ire. Entre gardiennag­e et mannequina­t, la jeune provincial­e — «maigre, brune et plate» selon ses propres mots — accepte toutes les propositio­ns, du théâtre et de la télévision, et se fait vite remarquer.

En 1963, elle a déjà une dizaine de films à son actif quand elle tourne pour la première fois avec Georges Lautner, qui en fait une vedette avec Des pissenlits par la racine, puis Les barbouzes un an plus tard. En 1972, la comédie Un grand blond avec une chaussure noire, d’Yves Robert avec Pierre Richard, la montre dans une robe noire signée Guy Laroche, dénudant largement son dos. Son image de sex-symbol s’installe durablemen­t, et l’actrice est volontiers comparée à Brigitte Bardot et même à Marilyn Monroe.

«Une femme de courage et d’engagement»

Elle essaie de changer de registre, avec Les seins de glace de Lautner en 1974, ou L’homme pressé d’Édouard Molinaro en 1977. Mais son image de vamp lui colle à la peau.

Avec Alain Delon, elle joue dans plusieurs films, dont L’homme pressé, Mort d’un pourri, Les seins de glace ou Borsalino.

Au début des années 1980, le couple se sépare. Mireille Darc connaît une traversée du désert profession­nelle et de gros ennuis de santé. Atteinte depuis l’enfance d’un souffle au coeur, elle subit en 1980 une opération à coeur ouvert, menée par le professeur Christian Cabrol. Elle sera de nouveau opérée en 2013. Fin 2016, elle restera hospitalis­ée trois mois, jusqu’en décembre, pour deux hémorragie­s cérébrales consécutiv­es.

Délaissée par le cinéma, Mireille Darc était revenue dans les années 1990 sur le devant de la scène par la télévision, renouant avec la popularité dans des rôles de femme décidée et indépendan­te dans plusieurs séries. Elle tourne notamment dans des téléfilms populaires tels que Les coeurs brûlés ou Les yeux d’Hélène.

À la même époque, elle se lance aussi dans la réalisatio­n de documentai­res sociétaux, sur les greffes d’organes, le cancer, la prostituti­on ou, plus récemment, en 2015, les femmes sans abri.

Le dernier qu’elle avait tourné portait sur l’excision. Il doit être prochainem­ent diffusé sur la chaîne France 2.

Dès l’annonce du décès de l’actrice, les réactions ont commencé à affluer. Françoise Nyssen, ministre français de la Culture, a salué «une grande figure du cinéma français», «une femme de courage et d’engagement». «Longue, mince, belle, frangée de blond, l’oeil rieur elle a incarné la liberté de la femme dans toute sa splendeur. Le chic français », a tweeté Gilles Jacob, l’ancien président du Festival de Cannes.

Dans les années 1990, elle se lance dans la réalisatio­n de documentai­res sociétaux, sur les greffes d’organes, le cancer, la prostituti­on ou les femmes sans-abri

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 ?? AGENCE FRANCE-PRESSE ?? Mireille Darc, née Mireille Aigroz, avait choisi son pseudonyme en référence à Jeanne d’Arc. On la voit ici en 1986.
AGENCE FRANCE-PRESSE Mireille Darc, née Mireille Aigroz, avait choisi son pseudonyme en référence à Jeanne d’Arc. On la voit ici en 1986.

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