Le Devoir

Ottawa n’effacera pas le nom de Macdonald

Ce père de la Confédérat­ion conservera sa place dans la toponymie fédérale, décrète Trudeau

- JEAN-FRANÇOIS NADEAU

Le nom de John A. Macdonald ne sera pas supprimé des édifices du gouverneme­nt fédéral, a affirmé le premier ministre Trudeau, en marge de son remaniemen­t ministérie­l.

La mémoire de ce père de la Confédérat­ion suscite de vives discussion­s depuis un moment. Le syndicat des enseignant­s du primaire d’Ontario, l’Elementary Teachers’ Federation of Ontario (ETFO), a adopté une motion de ses membres pour que le nom et les représenta­tions de John A. Macdonald, un des principaux pères de la Confédérat­ion canadienne, soient tout simplement enlevés des écoles, voire de tous les lieux publics.

Pour le premier ministre, les efforts de «réconcilia­tion» avec les peuples autochtone­s n’ont pas à aller jusque-là.

«Je peux dire sans équivoque que le gouverneme­nt fédéral n’a pas l’intention de changer le nom de John A. Macdonald de tout ce qui relève de notre responsabi­lité», a déclaré le premier ministre Trudeau à la suite d’une question lui demandant de se prononcer à ce sujet à Rideau Hall, en marge de son remaniemen­t ministérie­l.

Le premier ministre a expliqué que «la réconcilia­tion ne concerne pas seulement les relations entre le gouverneme­nt et les peuples autochtone­s». Pour lui, «les Canadiens non indigènes ont un rôle essentiel à jouer dans la façon dont nous façonnons un avenir meilleur et plus responsabl­e pour tous ceux qui partagent ces terres, et ces conversati­ons sont extrêmemen­t importante­s pour réfléchir à notre passé et pour construire ensemble un avenir meilleur».

Hector Langevin

Plus tôt cet été, le premier ministre avait pourtant accepté de voir le nom d’Hector Langevin effacé de l’édifice fédéral où se trouve son bureau sur la colline du Parlement. Pour souligner la Journée nationale des Autochtone­s, Justin Trudeau avait annoncé que l’«édifice Langevin», baptisé en l’honneur de l’ancien député et surintenda­nt des Affaires indiennes dans le cabinet du premier ministre John A. Macdonald, serait effacé.

Ancien rédacteur des Mélanges religieux de l’archevêché de Montréal devenu un acteur-clé des trois conférence­s préparatoi­res à l’adoption de la Constituti­on de 1867, Sir Langevin est considéré, tout comme John A Macdonald, comme un des pères de la Confédérat­ion.

Partisan d’un gouverneme­nt centralisa­teur, mêlé à toutes les histoires politiques de son temps, il était montré du doigt par les autochtone­s comme un des architecte­s du système de pensionnat­s au XIXe siècle.

Homme de confiance de Macdonald, Hector Langevin était d’abord et avant tout le leader des conservate­urs au Québec, en plus d’occuper plusieurs postes-clés. Comme Macdonald, il sera d’ailleurs compromis dans une affaire de détourneme­nt de fonds en lien avec l’édificatio­n du chemin de fer. Mais sa figure reste moins connue que celle de son frère d’armes Macdonald, le premier premier ministre du Canada de 1867.

 ?? SEAN KILPATRICK LA PRESSE CANADIENNE ?? Un ancien édifice de la Banque de Montréal à Ottawa, acquise par le fédéral en 1986, porte le nom de John A. Macdonald.
SEAN KILPATRICK LA PRESSE CANADIENNE Un ancien édifice de la Banque de Montréal à Ottawa, acquise par le fédéral en 1986, porte le nom de John A. Macdonald.

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