Comme deux gouttes d’eau : Réjean Ducharme et Claire Richard
Quel autre sentiment que le respect devant le singulier talent d’un québécois hors du commun?
Réjean Ducharme était habité par un monde unique d’une profondeur intemporelle. Il a réussi, dès la jeune vingtaine, à l’exprimer dans un premier roman d’une langue si particulière que la reconnaissance fut immédiate, d’abord en France et chez nous par la suite.
Seul capitaine au coeur de l’immensité de son oeuvre, seul passager de ce voyage obscur et douloureux qui anéantissait tout le reste. Gigantesque romancier, artisan véritable, dramaturge d’un univers où «l’enfance-adulte» tue, assassine et transfigure à la fois. L’homme et l’auteur devaient se tenir à l’écart: l’isolement n’était ni une pose ni une volonté.
D’ailleurs celles et ceux qui l’ont croisé: les professionnels de l’art, les gens de son quartier, les quelques amis proches et aimants, ont respecté cet état de fait.
Comment ne pas dire aussi, avec la plus grande des gratitudes, ce que l’on doit à sa compagne de cinquante ans de vie commune, Mme Claire Richard.
Claire a joué tous les rôles dans la vie de l’auteur-dramaturge de génie et de l’homme blessé. Elle a jeté tous les ponts nécessaires à sa survie, à sa reconnaissance et à son éternité littéraire. Ils formaient un couple «inventé», hors d’atteinte, ancré dans un amour qui transcendait la réalité.
Ils ne sont plus là, et leur mémoire est indissociable. Linda Wilscam Montréal, le 24 août 2017